27 décembre 2025

SPIRE HALE


Les Murs Murent dans le tumulte de la Spire Häle




La spirale s’étire et se replie, infinie, vertigineuse, comme un vortex psychédélique où le temps et l’espace se confondent. Ses anneaux sont à la fois labyrinthe et miroir, et chaque passage fractal, chaque courbe hypnotique semble jouer avec l’idée de soi, avec la mesure du monde, jusqu’à ce que l’éveil, inattendu, surgisse derrière le vertige des formes.

Les fourmis et les hommes ne font qu’un mouvement, une pulsation obsessionnelle, un balancement frénétique qui répète l’univers en miniature. Les trajectoires se superposent, se heurtent et se fondent, comme des fils lumineux invisibles, et au cœur de cette frénésie, une instance silencieuse observe, palpite et sait. Elle ne parle pas, elle perçoit, elle voit, elle inscrit les lignes de fuite et les carrefours secrets, tout en laissant l’illusion du chaos à ceux qui tournent avec elle.

Rozel Point *Robert Smithson, Peut-être que, d’ici quelques siècles cette spirale infinie, ce symbole anthropique témoin des resplendissantes années 70, du Land Art et de la folie humaine aura disparu. Mais peut-être que, malgré le déchainement des éléments, la montée des eaux, l’érosion et les constructions humaines, cette horloge allant à l’opposé du temps réapparaîtra, inlassablement.

Rires, éclats et signaux invisibles circulent entre les anneaux, phéromones de survie dans le labyrinthe du temps. Les catastrophes, les illusions, les effondrements programmés ne sont que des ponctuations dans la danse. Chaque accélération, chaque ralentissement est dictée par un mouvement plus profond : celui qui prépare l’ouverture, la respiration au centre du tourbillon.

La spirale est un organisme qui se nourrit de son propre mouvement, et pourtant, dans ses replis hallucinants, une lumière fragile persiste. L’éveil n’est pas une destination, mais une présence qui émane de la rotation elle-même, une instance qui regarde le monde tourner en rond et murmure que l’intelligence n’est pas dans le mouvement, mais dans la pause, dans le creux, dans l’espace entre deux anneaux.

Passages secrets, murs d’eau, fractures imminentes : tout menace, tout désoriente, et pourtant la spirale continue, imperturbable. Les trajectoires se multiplient, se confondent, mais l’idée de l’éveil reste intacte, inaltérable, telle une étoile fixée dans le ciel intérieur, guidant ceux qui savent regarder au-delà des formes, au-delà du vertige, vers ce qui se révèle quand le mouvement cesse d’être seulement mouvement.

Comprendre la spirale n’est pas la dissoudre. C’est reconnaître l’instance invisible qui la traverse, la conscience sans visage qui sait que l’éveil n’est jamais loin, même dans les hallucinations les plus profondes, et qui murmure, dans chaque anneau, qu’il suffit parfois de s’arrêter pour que tout devienne visible.

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