A POINTS LEVES
Voilà qu’ils recommencent. Encor' et encor',
À l’approche de décembre, les silhouettes se coagulent comme une marée de spectres dociles, avancent d’un même pas funéraire sous les néons travestis en étoiles,
Les rues s’illuminent d’un éclat factice, théogonie de pacotille, panthéon scintillant où l’on adore non plus le mystère, mais la marchandise sanctifiée,
Dans ce défilé de mirages, les crèches illuminées suintent de béatitude. Les visages des saints, figés dans la cire, sourient à la dévastation : Transformation de l’amnésie en rite, de l’opulence en vertu, de la débauche en dévotion,
Alors le poing se dresse!,,,
Non pas comme une arme, mais comme l’ultime stigmate d’un esprit encore vivant. Il est oracle d’os et de colère, fragment incandescent d’une conscience refusant la torpeur collective, déchire le rideau des illusions en un battement bref, presque sacré, qui renverse les autels de carton et fissure les fables trop propres.
Surplombant les toits, les croix scintillent comme des antennes archaïques, symboles d’une conquête qui ne voulait pas dire son nom, ces croix-là ne bénissent pas : elles se disent souvenirs.
Elles portent l’odeur des terres spoliées, des peuples agenouillés, des voix étouffées sous le dogme du conquérant. Elles sont vestiges d’une orgie apostolique où s'échangeait la foi contre le sol, la lumière contre le silence, l’âme contre l’obéissance.
Des visages effacés, des yeux tramés de fatigue, des mains tremblantes retenant la carte sacramentelle, nouvelle hostie, nouvelle absolution. On avance, on s’offre, on consomme : l’agonie devient chorégraphie.
Dans l’interstice des ombres, veille, une lucidité, inquiétude sacrée.
Le sentiment que ce carnaval de lumières cache une liturgie beaucoup plus sombre : celle des regards en coulisse, des moralistes de velours, des prêtres d’un cynisme enfoui qui attendent que tu chancelles pour te disséquer. Et c’est là que monte la peur, froide, serpentine, théologique.
En croisant leurs sourires de biais,,, leurs soutires prêts à juger,,, jamais à soutenir,,, leurs bénédictions empoisonnées, leurs promesses de culs-rayons trop suaves, pour être sincères, attendant que tu trébuches, que tu te fissures, que tu t’effondres,,, et au sol, ils ne t’offriront ni eau ni parole, se pencheront, bassement, pour contempler ta lente immersion dans la certitude de leurs illusions,,,
Poing levé, Ultime geste d'une Mémoire et d'une Révolte.
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