10 décembre 2025

ORIGINE et ASSURANCE DE FIN DE MONDE

Il y a, dans le tissu du monde, un battement qui ne s’éteint jamais. Il ne vient ni du cœur, ni des astres, mais d’un lieu avant le lieu, où la lumière s’invente dans le souffle du premier désir.

Messier 17, connue sous le nom de la nébuleuse Omega ou du cygne. © ESO/INAFVST/OmegaCAM, CC BY 4.0 

Chaque être en porte la trace, une pulsation secrète au creux des os, comme un souvenir de feu avant la forme, un chant murmuré dans la matière.

Kate Winslet et Leonardo Dicaprio
   TITANIC 

Les amants se reconnaissent à ce battement. Leur approche est une résonance, une onde ancienne qui se réveille. Quand leurs peaux s’effleurent, le monde se souvient de sa naissance. Leurs souffles s’accordent, leurs chairs s’illuminent, et le réel, un instant, recommence à trembler. Ce n’est pas un contact, c’est une genèse. L’univers se recompose entre deux corps, dans la lenteur d’un frôlement, dans la ferveur d’un baiser. Chaque gémissement devient lumière, chaque caresse, un verset du cosmos. Les galaxies se penchent, attentives, dans le silence vibrant de leur étreinte. 


Rien n’est solide. Tout est vibration, onde, feu, souffle. Leurs visages se dissolvent dans la clarté, leurs ombres se mêlent à la poussière d’étoiles. L’amour n’est pas un lien, il est passage, oscillation entre le visible et le divin. Chaque baiser ouvre un interstice dans le temps, chaque soupir invente un futur. La création ne vient plus des dieux : elle jaillit des lèvres. Des lèvres offertes, haletantes, vivantes. Et dans cette offrande, le monde retrouve son nom. 

Le vide n’est pas absence. Il est matrice, chair transparente où tout recommence. Quand nous dormons, nos songes y glissent comme des pluies d’or, et nos âmes s’y fondent, lentes comètes de désir. 

Je ne sais plus si je vis ou si je me souviens. Peut-être que vivre, c’est reconnaître le feu. Et mourir, c’est y retourner sans trembler. Tout ce que nous appelons moi n’est qu’une vibration dans la gorge du monde. Et si le temps s’écoule, c’est pour qu’un nom s’élève, un souffle, une voix, le tien peut-être et dise : Nous sommes l’origine. 

Un jour, les étoiles oublieront nos visages. Mais le battement, lui, persistera : nu, infini, amoureux, comme une promesse que rien ne peut effacer, comme la mémoire de nos corps au commencement du monde.

et cela devient

Le Battement du Monde

Il est dans le monde un battement, discret,
Ni cœur, ni étoile, avant tout, il était.
Là où la lumière s’invente et s’élance,
Dans le premier souffle, naît la cadence.

Chaque être en garde la trace brûlante,
Une flamme d’avant, toujours frémissante,
Souvenir de feu sous la chair fragile,
Écho de l’origine, secret, indocile.

Les amants s’y trouvent, au détour d’un regard,
Ils vibrent, s’accordent, se frôlent, se séparent.
Quand leurs peaux s’effleurent, le monde soupire,
Et la vie recommence, prête à s’écrire.
Ce n’est pas un geste, c’est une genèse,
L’univers s’ouvre, la chair s’apaise.
Chaque baiser devient lumière céleste,
Chaque souffle, un vers, chaque cri, une geste.
Les galaxies s’inclinent, le ciel s’incline,
Leurs ombres se fondent, leurs âmes s’alignent.

Rien n’est solide, tout est mouvement,
Onde, feu, poussière, frisson, vivant.
L’amour n’attache pas, il traverse, il passe,
Entre chair et divin, il efface la trace.
Chaque soupir fend le temps qui s’endort,
Chaque mot invente un nouveau décor.
Le vide n’est pas rien, il est la matrice,
Où nos rêves glissent, pluie complice.
Nos âmes s’y perdent, lentes, dorées,
Comètes de désir, jamais rassasiées.

Je ne sais plus, si je vis, ou si je me souviens,
Du feu qui me crée, du feu qui revient.
Peut-être vivre, c’est reconnaître la flamme,
Et mourir, y plonger sans peur, sans drame.
Tout ce que je suis, tout ce que j’espère,
N’est qu’un souffle pris dans la gorge de la terre.
Et si le temps fuit, c’est pour qu’une voix,
Monte, fragile, et murmure : « C’est toi. »

Un jour viendra, les étoiles s’éteindront,


L’Assurance de la Fin de Monde 

Nous avons tout prévu. Tout prévu. Le feu, la pluie, le vol, la chute. Nous avons couvert la casse, le bris, l’accident, la peur d’avoir peur. Tout est garanti, tout sauf nous. Nous avons signé des pages de promesses, des contrats contre le hasard, des avenirs sous scellés, et jusqu’au dernier souffle, nous payons la prime du béant. 

L’assurance fin de vie, ils disent. Comme si la mort était un sinistre à déclarer. Comme si l’infini pouvait se rembourser. Comme si l’âme avait besoin d’un code pour s’en aller. 

Mais pendant que nous prévoyons, le monde, lui, meurt sans police ni clause. Des enfants sans nom sous la poussière. Des femmes sans regard sous la guerre. Des villes entières mangées par le silence. Et nous, assis dans nos certitudes, nous demandons : « Suis-je bien couvert ? »

Nous avons assuré nos corps contre la blessure, mais oublié nos cœurs contre la honte. Nous avons blindé nos maisons et déserté nos consciences. Nous avons bâti des murs d’argent autour d’un vide de lumière. Et quand le ciel s’écroule, nous cherchons encore le numéro du service client de ce "oh mon Dieu". Mais ce oh mon Dieu a changé d’adresse, ou peut-être a-t-il résilié son contrat. Trop de sinistres, pas assez d’amour. Alors la Terre reprend ses droits. Elle se secoue de nos villes, de nos drapeaux, de nos calculs. Les forêts recommencent à respirer, les océans à parler leur langue d’avant l’homme. 

Peut-être faut-il l’avouer : la planète guérira sans nous. Les pierres n’ont pas besoin de témoin, les arbres savent prier sans église. Mais si quelque chose, quelque chose en nous, peut encore mériter le jour, ce sera l’amour. Pas celui qu’on possède, celui qu’on offre sans reçu. Aimer c’est rompre le contrat de l’indifférence. C’est refuser la prime de la peur. C’est signer avec la vie elle-même, pour qu’elle nous survive, sans conditions, sans délai, sans fin. 


DEvient

L’Assurance d'être bien couvert.

Nous avons tout prévu. Tout prévu, sans oser rompre les verrous, le feu, la pluie, la chute, le vide. Nous avons couvert la casse, le bris, les cris, la peur d’avoir peur. 

Nous avons signé des pages de promesses, des avenirs sous scellés, des contrats contre le hasard, et jusqu’au dernier souffle, nous payons la prime du manque. 

Nous avons assuré nos vies, pas nos sens. Assurance fin de vie, qu’ils disent. Comme si la mort était un dossier à remplir. Comme si la fin se comptait en mensualités. Comme si le néant se négociait. Pendant que nous prévoyons, le monde, lui, se défait sans police, sans clause, sans témoin.

Des enfants sans nom sous la poussière, des femmes effacées par la guerre, des villes entières avalées par le silence. Et nous, au milieu du confort, nous chuchotons, au milieu du confort, "Nous avions pourtant tout prévu..."

Nous avons protégé nos murs, mais pas nos regards. Nous avons blindé nos maisons et déserté nos consciences. Nous avons bâti des coffres autour du vide, déposé nos rêves dans une banque. Nous avons tout prévu....le silence des pantoufles!

Et quand le monde s’écroule, nous cherchons encore une garantie, une excuse, un papier à brandir. Nous avions pourtant tout prévu...


La Terre, elle, ne signe rien.

Elle tremble, elle rejette, elle respire.

Les forêts repoussent sur nos ruines,

les océans reprennent leur langue d’avant nous.


La planète ne réclame pas d’indemnité, elle se souvient.


Peut-être faut-il le dire simplement :

elle guérira sans nous.

Les pierres n’ont pas besoin de témoin,

les arbres se tiennent debout sans prière.

Ce que nous appelons fin

n’est qu’un passage , le nôtre!


Mais s’il reste encore, au fond du cœur,

une braise, une pulsation, une urgence,

qu’elle porte un seul nom : amour.

Pas celui qu’on possède,

celui qu’on offre sans reçu.

Celui qui traverse sans compter,

qui touche sans retenir,

qui choisit la vie,

même nue, même blessée.


Aimer, refuser l’indifférence.

C’est rompre le contrat du vide.

C’est s’assurer du vivant,

sans clause, sans délai, sans fin.

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