08 décembre 2025

A L'AN DEUX MAINS si vous le voulez bien

Ces lendemains qui ne viennent pas

  Léa Collet ,Digitalis

La pluie tombe en ruisseaux de colère
Le vent hurle et je chancelle, le monde vacille,
Nous marchons sur un fil qui brûle, béton et feu sous nos pieds
L’un étouffe, l’autre se tait, bâillonné, disparu, oublié

On nous promet l’or, la lumière, des écrans pour amis
Des dettes pour horizons, le bonheur emballé, codé, scanné
Les villes enterrent les rêves, les enfants jouent dans les poussières
L’égo sous cellophane, le cœur se fane, tout est permis

   Filip Hodas

Les anciens gémissent “C’était mieux avant !”
Les jeunes hurlent “Il n’y a plus d’avenir !”
Entre chaque mot, je sens une pierre, un vent, un silence qui mord
Le présent s’effrite, sable mouvant, illusion de consommation, 

Avancez, consommez, souriez, obéissez !
Les mers suffoquent, les rivières pleurent, les vents crient
Les forêts se consument, le ciel se tord, les étoiles chancellent
Mais nous, yeux fermés, oreilles sourdes, un tout nous échappe

Avancez, consommez, ignorez le sang sous vos pieds
Criez ! hurlez ! Que les voix soient perdues dans les écrans
Riez ! souriez ! Que les masques étouffent nos poumons
Obéissez ! répétez ! Comme des automates sans nom

Les enfants meurent, les arbres tombent, les rivières s’empoisonnent
Et nous dansons, nous  scannons, nous achetons nos illusions
Les cris ne passent plus, les pleurs ne montent plus
La parole s’éteint, le monde se tait, le monde se replie

A quand la vision du monde clair, de lumière et d’air pur ?
Quand nos mains se lèveront-elles pour toucher le réel, le vivant ?
Quand nos cœurs verront-ils la couleur du feu, du sang, de la sève ?
Quand les aveugles ouvriront ils les yeux, et les muets parleront ils enfin ?

La peur nous serre, peur de l’autre, peur de soi,
Sécurité en kit, murs, clôtures, lois, peur de ne pas
Nos villes sont des carcasses, nos maisons des cages
Nos cathédrales brillent, mais les sans-abri crient sous leurs arches

Jamais la peur de ceux privés d’eau,
Jamais celle des arbres qu’on abat,
Jamais celle des enfants qui meurent de faim,
Nous engloutissons tout, avalons, digérons, rejetons à moitié

  Leandro Erlich Pulled by the roots

Par notre avidité, notre paresse et notre oubli
Nous sommes les géniteurs de notre propre nuit
Alors hurlez, criez, sentez, voyez,

Rien n’est perdu, rien n’est mort si le verbe s’élève
Demain sera à deux mains, 




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