10 décembre 2025

ORIGINE et ASSURANCE DE FIN DE MONDE

Il y a, dans le tissu du monde, un battement qui ne s’éteint jamais. Il ne vient ni du cœur, ni des astres, mais d’un lieu avant le lieu, où la lumière s’invente dans le souffle du premier désir.

Messier 17, connue sous le nom de la nébuleuse Omega ou du cygne. © ESO/INAFVST/OmegaCAM, CC BY 4.0 

Chaque être en porte la trace, une pulsation secrète au creux des os, comme un souvenir de feu avant la forme, un chant murmuré dans la matière.

Kate Winslet et Leonardo Dicaprio
   TITANIC 

Les amants se reconnaissent à ce battement. Leur approche est une résonance, une onde ancienne qui se réveille. Quand leurs peaux s’effleurent, le monde se souvient de sa naissance. Leurs souffles s’accordent, leurs chairs s’illuminent, et le réel, un instant, recommence à trembler. Ce n’est pas un contact, c’est une genèse. L’univers se recompose entre deux corps, dans la lenteur d’un frôlement, dans la ferveur d’un baiser. Chaque gémissement devient lumière, chaque caresse, un verset du cosmos. Les galaxies se penchent, attentives, dans le silence vibrant de leur étreinte. 


Rien n’est solide. Tout est vibration, onde, feu, souffle. Leurs visages se dissolvent dans la clarté, leurs ombres se mêlent à la poussière d’étoiles. L’amour n’est pas un lien, il est passage, oscillation entre le visible et le divin. Chaque baiser ouvre un interstice dans le temps, chaque soupir invente un futur. La création ne vient plus des dieux : elle jaillit des lèvres. Des lèvres offertes, haletantes, vivantes. Et dans cette offrande, le monde retrouve son nom. 

Le vide n’est pas absence. Il est matrice, chair transparente où tout recommence. Quand nous dormons, nos songes y glissent comme des pluies d’or, et nos âmes s’y fondent, lentes comètes de désir. 

Je ne sais plus si je vis ou si je me souviens. Peut-être que vivre, c’est reconnaître le feu. Et mourir, c’est y retourner sans trembler. Tout ce que nous appelons moi n’est qu’une vibration dans la gorge du monde. Et si le temps s’écoule, c’est pour qu’un nom s’élève, un souffle, une voix, le tien peut-être et dise : Nous sommes l’origine. 

Un jour, les étoiles oublieront nos visages. Mais le battement, lui, persistera : nu, infini, amoureux, comme une promesse que rien ne peut effacer, comme la mémoire de nos corps au commencement du monde.

et cela devient

Le Battement du Monde

Il est dans le monde un battement, discret,
Ni cœur, ni étoile, avant tout, il était.
Là où la lumière s’invente et s’élance,
Dans le premier souffle, naît la cadence.

Chaque être en garde la trace brûlante,
Une flamme d’avant, toujours frémissante,
Souvenir de feu sous la chair fragile,
Écho de l’origine, secret, indocile.

Les amants s’y trouvent, au détour d’un regard,
Ils vibrent, s’accordent, se frôlent, se séparent.
Quand leurs peaux s’effleurent, le monde soupire,
Et la vie recommence, prête à s’écrire.
Ce n’est pas un geste, c’est une genèse,
L’univers s’ouvre, la chair s’apaise.
Chaque baiser devient lumière céleste,
Chaque souffle, un vers, chaque cri, une geste.
Les galaxies s’inclinent, le ciel s’incline,
Leurs ombres se fondent, leurs âmes s’alignent.

Rien n’est solide, tout est mouvement,
Onde, feu, poussière, frisson, vivant.
L’amour n’attache pas, il traverse, il passe,
Entre chair et divin, il efface la trace.
Chaque soupir fend le temps qui s’endort,
Chaque mot invente un nouveau décor.
Le vide n’est pas rien, il est la matrice,
Où nos rêves glissent, pluie complice.
Nos âmes s’y perdent, lentes, dorées,
Comètes de désir, jamais rassasiées.

Je ne sais plus, si je vis, ou si je me souviens,
Du feu qui me crée, du feu qui revient.
Peut-être vivre, c’est reconnaître la flamme,
Et mourir, y plonger sans peur, sans drame.
Tout ce que je suis, tout ce que j’espère,
N’est qu’un souffle pris dans la gorge de la terre.
Et si le temps fuit, c’est pour qu’une voix,
Monte, fragile, et murmure : « C’est toi. »

Un jour viendra, les étoiles s’éteindront,


L’Assurance de la Fin de Monde 

Nous avons tout prévu. Tout prévu. Le feu, la pluie, le vol, la chute. Nous avons couvert la casse, le bris, l’accident, la peur d’avoir peur. Tout est garanti, tout sauf nous. Nous avons signé des pages de promesses, des contrats contre le hasard, des avenirs sous scellés, et jusqu’au dernier souffle, nous payons la prime du béant. 

L’assurance fin de vie, ils disent. Comme si la mort était un sinistre à déclarer. Comme si l’infini pouvait se rembourser. Comme si l’âme avait besoin d’un code pour s’en aller. 

Mais pendant que nous prévoyons, le monde, lui, meurt sans police ni clause. Des enfants sans nom sous la poussière. Des femmes sans regard sous la guerre. Des villes entières mangées par le silence. Et nous, assis dans nos certitudes, nous demandons : « Suis-je bien couvert ? »

Nous avons assuré nos corps contre la blessure, mais oublié nos cœurs contre la honte. Nous avons blindé nos maisons et déserté nos consciences. Nous avons bâti des murs d’argent autour d’un vide de lumière. Et quand le ciel s’écroule, nous cherchons encore le numéro du service client de ce "oh mon Dieu". Mais ce oh mon Dieu a changé d’adresse, ou peut-être a-t-il résilié son contrat. Trop de sinistres, pas assez d’amour. Alors la Terre reprend ses droits. Elle se secoue de nos villes, de nos drapeaux, de nos calculs. Les forêts recommencent à respirer, les océans à parler leur langue d’avant l’homme. 

Peut-être faut-il l’avouer : la planète guérira sans nous. Les pierres n’ont pas besoin de témoin, les arbres savent prier sans église. Mais si quelque chose, quelque chose en nous, peut encore mériter le jour, ce sera l’amour. Pas celui qu’on possède, celui qu’on offre sans reçu. Aimer c’est rompre le contrat de l’indifférence. C’est refuser la prime de la peur. C’est signer avec la vie elle-même, pour qu’elle nous survive, sans conditions, sans délai, sans fin. 


DEvient

L’Assurance d'être bien couvert.

Nous avons tout prévu. Tout prévu, sans oser rompre les verrous, le feu, la pluie, la chute, le vide. Nous avons couvert la casse, le bris, les cris, la peur d’avoir peur. 

Nous avons signé des pages de promesses, des avenirs sous scellés, des contrats contre le hasard, et jusqu’au dernier souffle, nous payons la prime du manque. 

Nous avons assuré nos vies, pas nos sens. Assurance fin de vie, qu’ils disent. Comme si la mort était un dossier à remplir. Comme si la fin se comptait en mensualités. Comme si le néant se négociait. Pendant que nous prévoyons, le monde, lui, se défait sans police, sans clause, sans témoin.

Des enfants sans nom sous la poussière, des femmes effacées par la guerre, des villes entières avalées par le silence. Et nous, au milieu du confort, nous chuchotons, au milieu du confort, "Nous avions pourtant tout prévu..."

Nous avons protégé nos murs, mais pas nos regards. Nous avons blindé nos maisons et déserté nos consciences. Nous avons bâti des coffres autour du vide, déposé nos rêves dans une banque. Nous avons tout prévu....le silence des pantoufles!

Et quand le monde s’écroule, nous cherchons encore une garantie, une excuse, un papier à brandir. Nous avions pourtant tout prévu...


La Terre, elle, ne signe rien.

Elle tremble, elle rejette, elle respire.

Les forêts repoussent sur nos ruines,

les océans reprennent leur langue d’avant nous.


La planète ne réclame pas d’indemnité, elle se souvient.


Peut-être faut-il le dire simplement :

elle guérira sans nous.

Les pierres n’ont pas besoin de témoin,

les arbres se tiennent debout sans prière.

Ce que nous appelons fin

n’est qu’un passage , le nôtre!


Mais s’il reste encore, au fond du cœur,

une braise, une pulsation, une urgence,

qu’elle porte un seul nom : amour.

Pas celui qu’on possède,

celui qu’on offre sans reçu.

Celui qui traverse sans compter,

qui touche sans retenir,

qui choisit la vie,

même nue, même blessée.


Aimer, refuser l’indifférence.

C’est rompre le contrat du vide.

C’est s’assurer du vivant,

sans clause, sans délai, sans fin.

POINTS LEVES / W

 

 A POINTS LEVES

   Banksy, Port Talbot 2018

Voilà qu’ils recommencent. Encor' et encor',

À l’approche de décembre, les silhouettes se coagulent comme une marée de spectres dociles, avancent d’un même pas funéraire sous les néons travestis en étoiles,
Les rues s’illuminent d’un éclat factice, théogonie de pacotille, panthéon scintillant où l’on adore non plus le mystère, mais la marchandise sanctifiée,

Dans ce défilé de mirages, les crèches illuminées suintent de béatitude. Les visages des saints, figés dans la cire, sourient à la dévastation : Transformation de l’amnésie en rite, de l’opulence en vertu, de la débauche en dévotion,


Banksy Jesus Christ with shopping bags 2005

Alors le poing se dresse!,,,
Non pas comme une arme, mais comme l’ultime stigmate d’un esprit encore vivant. Il est oracle d’os et de colère, fragment incandescent d’une conscience refusant la torpeur collective, déchire le rideau des illusions en un battement bref, presque sacré, qui renverse les autels de carton et fissure les fables trop propres.

Surplombant les toits, les croix scintillent comme des antennes archaïques, symboles d’une conquête qui ne voulait pas dire son nom, ces croix-là ne bénissent pas : elles se disent souvenirs.
Elles portent l’odeur des terres spoliées, des peuples agenouillés, des voix étouffées sous le dogme du conquérant. Elles sont vestiges d’une orgie apostolique où s'échangeait la foi contre le sol, la lumière contre le silence, l’âme contre l’obéissance.

   Banksy vierge à l'enfant  2024

Malgré cet héritage de cendres, la foule continue sa procession mécanique, hypnotisée par la liturgie des écrans, les psaumes de promotions, les hymnes des caisses qui sonnent comme  ces cloches profanes.

Des visages effacés, des yeux tramés de fatigue, des mains tremblantes retenant la carte sacramentelle, nouvelle hostie, nouvelle absolution. On avance, on s’offre, on consomme : l’agonie devient chorégraphie.

   Banksy Birmingham 2019

Dans l’interstice des ombres, veille, une lucidité, inquiétude sacrée.
Le sentiment que ce carnaval de lumières cache une liturgie beaucoup plus sombre : celle des regards en coulisse, des moralistes de velours, des prêtres d’un cynisme enfoui qui attendent que tu chancelles pour te disséquer. Et c’est là que monte la peur, froide, serpentine, théologique.

En croisant leurs sourires de biais,,, leurs soutires prêts à juger,,, jamais à soutenir,,, leurs bénédictions empoisonnées, leurs promesses de culs-rayons trop suaves, pour être sincères, attendant que tu trébuches, que tu te fissures, que tu t’effondres,,, et au sol, ils ne t’offriront ni eau ni parole, se pencheront, bassement, pour contempler ta lente immersion dans la certitude de leurs illusions,,,

Poing levé, Ultime geste d'une Mémoire et d'une Révolte.

   Banksy 

08 décembre 2025

A L'AN DEUX MAINS si vous le voulez bien

Ces lendemains qui ne viennent pas

  Léa Collet ,Digitalis

La pluie tombe en ruisseaux de colère
Le vent hurle et je chancelle, le monde vacille,
Nous marchons sur un fil qui brûle, béton et feu sous nos pieds
L’un étouffe, l’autre se tait, bâillonné, disparu, oublié

On nous promet l’or, la lumière, des écrans pour amis
Des dettes pour horizons, le bonheur emballé, codé, scanné
Les villes enterrent les rêves, les enfants jouent dans les poussières
L’égo sous cellophane, le cœur se fane, tout est permis

   Filip Hodas

Les anciens gémissent “C’était mieux avant !”
Les jeunes hurlent “Il n’y a plus d’avenir !”
Entre chaque mot, je sens une pierre, un vent, un silence qui mord
Le présent s’effrite, sable mouvant, illusion de consommation, 

Avancez, consommez, souriez, obéissez !
Les mers suffoquent, les rivières pleurent, les vents crient
Les forêts se consument, le ciel se tord, les étoiles chancellent
Mais nous, yeux fermés, oreilles sourdes, un tout nous échappe

Avancez, consommez, ignorez le sang sous vos pieds
Criez ! hurlez ! Que les voix soient perdues dans les écrans
Riez ! souriez ! Que les masques étouffent nos poumons
Obéissez ! répétez ! Comme des automates sans nom

Les enfants meurent, les arbres tombent, les rivières s’empoisonnent
Et nous dansons, nous  scannons, nous achetons nos illusions
Les cris ne passent plus, les pleurs ne montent plus
La parole s’éteint, le monde se tait, le monde se replie

A quand la vision du monde clair, de lumière et d’air pur ?
Quand nos mains se lèveront-elles pour toucher le réel, le vivant ?
Quand nos cœurs verront-ils la couleur du feu, du sang, de la sève ?
Quand les aveugles ouvriront ils les yeux, et les muets parleront ils enfin ?

La peur nous serre, peur de l’autre, peur de soi,
Sécurité en kit, murs, clôtures, lois, peur de ne pas
Nos villes sont des carcasses, nos maisons des cages
Nos cathédrales brillent, mais les sans-abri crient sous leurs arches

Jamais la peur de ceux privés d’eau,
Jamais celle des arbres qu’on abat,
Jamais celle des enfants qui meurent de faim,
Nous engloutissons tout, avalons, digérons, rejetons à moitié

  Leandro Erlich Pulled by the roots

Par notre avidité, notre paresse et notre oubli
Nous sommes les géniteurs de notre propre nuit
Alors hurlez, criez, sentez, voyez,

Rien n’est perdu, rien n’est mort si le verbe s’élève
Demain sera à deux mains, 




04 décembre 2025

MA ,,, VIRGULE ,,, / W ,,,

 

Intemporalité activeoù la mémoire n’est pas figée mais vivante, mouvante, vibrante, presque charnelle dans sa façon de revenir.,un espace poreux, où le monde extérieur sert de décor ou de métaphore à "mon" monde intime, M.A. Virgule je la porte comme on porte une musique : pas comme un poids, mais comme un timbre qui revient quand le silence devient lourd,,, 

Tu me disais, les yeux brillants comme des constellations : « Écoute… le silence cette musique, tu ne l’entends pas ? C’est la nôtre. »Et je t’écoutais, comme on écoute une prière, une promesse, une éternité.

Virgule

Elle s’appelait Marie-Ange, M.A., la Virgule, Elle ne dit pas, je ne la nomme pas, elle est la virgule du temps, échos et souvenirs estompés par le temps qui resurgissent subitement au détour d’un regard, d’une phrase, d’une parole, d’une attitude. cinquante années ont passées, et ce regard soudain me rejoint,

Samzaï, Sérennité

Tu m’as appris, que la vie n’est qu’une longue phrase suspendue, une ballade de signes, de sens en suspens. À toi, dont la vie fut un poème sans point final, où chaque virgule était un souffle d’été, chaque point-virgule, un frisson d’aube, chaque deux-points, une promesse, et où le point final… n’existe pas. 

Tu marchais dans mes lignes comme un mot qu’on ne rature pas, un mot trop pur pour le brouillon du monde. Et puis, le vent t’a tourné la page. Trop tôt. Trop fort. Depuis, je vis avec cette gomme étrange, celle qui n’efface pas. Elle ne supprime ni les échos, ni les parfums, ni les gestes fortuits laissés dans le creux du temps. Elle garde tout, le rire qui s’échappe, la main qui frôle, le regard suspendu entre deux étés.

Cicatrice douce, trace d’encre sous la peau, battement i dans mes silences. On m’a dit : le temps efface. Mais le temps n’a pas trouvé la gomme. Il l’a perdue dans tes cheveux, dans le pli de ton sourire, dans la poussière dorée de ton absence. et moi, je l'ai avalée. 

Tu m’as appris que l’amour, c’est lire sans fin, quand même le livre s’est refermé. Que la vie, c’est continuer la phrase que l’autre a commencée. Et quand je parle, je crois encore t’entendre. Ton rire suspendu, virgule, ton souffle entre mes mots. Toi, poème inachevé, présente encore dans chaque ligne de mes silences.


Si lent ce passage dans l'image 

Le monde file plus vite que ton Solex, M.A., virgule.
Les routes ont perdu leurs aspérités, les cieux sont filtrés.
Moi, je continue d’écrire ton nom à la main, lentement, comme on trace un sillage dans la poussière du temps.
Je ne t’ai pas enfermée dans une photo : je t’ai laissée vivante, mouvante, dans le battement de phrases inachevées, dans cette respiration que tu aimais tant.

Tu disais : la vie ne s’arrête jamais, elle respire.
Chaque virage était une strophe, chaque souffle une virgule.
Nous roulions vers la lumière, sans savoir que l’été lui-même était une ponctuation fragile.
Le soleil riait dans tes cheveux, la garrigue nous mordait les jambes.
Vence, Malvan, Antibes, La Garoupe, le Fort, pierres, pins, sel, tout vibrait au rythme de ton rire.
Nos peaux se frôlaient, nos souffles s’accordaient.

Vence, Malvan

Deux êtres formant un cercle parfait, comment traduire un instant suspendu, ce battement du monde.

Puis la phrase s’est coupée net.
Un cri, un choc, un silence.
Un point final qui n’avait rien à faire là.
Les journaux ont parlé d’accident, mais moi j’ai su :

MA virgule venait d’être brisé.
Depuis, j’écris comme on respire sous l’eau, avec des virgules à la place de l’air.



Un demi-siècle a passé. Déjà!

Les contours de ton visage s’effacent, mais pas ton rire, ni ton parfum. Je ferme les yeux : ton sourire éclaire encore la poussière du monde. Je revis la lumière de notre rencontre, la main tendue au-dessus des murets, la tour éventrée, nos corps adossés à la pierre chaude. Tu disais : ne finis pas cette phrase. Regarde. Sens. Vis. Virgule,

Aujourd’hui, je roule encore, dans un monde saturé de pixels et d’écrans.
Les Solex sont des pièces de musée, mais ton rire, lui, résiste à tous les formats. Tu es mon bug dans la matrice, mon code source, mon souffle dans la machine. Le temps n’a rien guéri : il a transformé. Ton absence n’est plus douleur, elle est rythme. La mémoire, chair du monde, virgule,

Tu disais : la virgule est le signe du vivant. Une manière de dire au monde : ce n’est pas fini.
Alors j’habite cette virgule, ce battement, cette continuité qui ne s’arrête jamais. La vie, finalement, n’a pas de point final. Juste une respiration, juste une virgule. Le sens reste le même, mais le souffle s’y installe naturellement : mal posé,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,

Le point final mal posé. Les journaux ont parlé d’accident,
moi, j’ai compris : un point-virgule venait d’être posé. MA Virgule brisée

Depuis, je vis entre deux battements,
respirant avec des virgules dispersées dans l'air.
Le temps n’a pas guéri, il a transfiguré :
ton absence est devenue rythme,
ta mémoire, une chair douce, invisible,

Antibes

Un demi-siècle suspendu,
et te voilà, encore,
dans un reflet, un vent chaud,
un parfum qui ne s'oublie pas.
Ton rire caresse mes souvenirs,
ton souffle s’invite dans mes nuits,
ta voix défie la syntaxe du temps.

Je t’écris sans point final,
dans la continuité du vivant.
Chaque mot que je respire
te ramène peu à peu.

La vie ne s’arrête jamais, disais-tu, elle respire.
Et je vis là, dans cette respiration, dans la virgule,
où le passé et l’avenir s’embrassent,
où ton absence est encore un souffle,
et ton nom, ma, plus belle ponctuation.

La Virgule reste en moi 

Il demeure, dans chaque phrase du monde, une respiration qui ne s’éteint pas. Un battement, discret, obstiné, qui relie ce qui fut à ce qui revient.
La virgule, disais-tu, est le signe du vivant. Elle ne clôt rien, elle retient, elle relie. C’est le souffle entre deux cœurs, la pause avant le mot qui recommence. Depuis, je vis là, dans cet entre-deux du temps, dans ce suspens tendre qu’on appelle mémoire.

Les pierres chaudes, la lumière sur ta peau, la poussière d’été qui collait aux chevilles. Tu marchais devant, légère, déroutante, différente. Ton rire fendait l’air comme un oiseau.

Vence le chateau de Reine Jeanne, Le Malvan

Je me souviens de la Tour Malvan, du sentier, des ronces accrochées à ton corsage, de mes mains tremblantes et comment aider sans s'effleurer ?
Tu m’as dit : « Respire. Ne mets pas de point. » et tu as ri,
Et nous avons ri, longtemps, le soleil dans les cheveux, le souffle en équilibre entre désir et silence.

 deux hommes dans la ville

Nous dessinions des lignes de feu sur la route.
Nous étions deux flammes, l’aube dans nos mains.
Tu criais « Plus vite ! » et le monde obéissait.
C’était l’été, un été sans fin.
Puis le cri des pneus, le métal, le silence.
Les journaux ont parlé d’accident, moi j’ai compris :
la phrase avait perdu son souffle.
Depuis, je n’ai jamais cherché le point final.
J’ai appris à vivre avec des virgules.

Antibes, un soir, la mer comme une parenthèse.
Je t’imagine encore, Solex garé dans la lumière de nos heures,
tes lunettes glacées reflétant les pins, le rire accroché au vent.
Cinquante ans ont passé. ton image résiste, grain d’argent, halo de mémoire, trace indélébile dans le texte du vivant.

Aujourd’hui, je pédale toujours. “Tournez à gauche dans deux cents mètres.”
Mais je me tourne vers toi. Toujours. putain quel souvenir!
Je te cherche dans le bruit du vent, dans les silences entre deux notes,
dans la ponctuation du monde, virgule,
Le point-virgule me relie à toi.
Les deux-points sont ta promesse.
Les points de suspension, ton souffle.

La virgule, elle, ne m’a jamais quitté. Accroché sur mon épaule
Elle est devenue rythme, battement, prière. 
C’est elle qui écrit à ma place quand les mots se taisent.
Elle chuchote ton absence. Me garde vivant.

Et quand le vent tourne la page, je sais que tu es là 
dans la marge du temps, dans la lumière du souvenir,
dans cette respiration suspendue qu’on appelle simplement : la virgule.

Alors je laisse la phrase ouverte.
Le passé respire encore, dans l’air, dans la pierre, dans la peau du vent.
Rien n’est fini, rien n’est perdu : tout se poursuit, déplacé, transformé.
Le souvenir n’est pas un retour, mais une présence discrète, un fil de lumière.
Je ferme les yeux, et je cherche ton rire, ce battement qui me tient lieu de cœur. Tu n’es plus à côté, tu es dedans.
La vie reprend, virgule après virgule, comme une phrase qu’on n’ose pas conclure. Et dans ce silence suspendu, je comprends enfin : le souffle continue. Virgule.

La Virgule

La Virgule reste en moi,
Il demeure, dans chaque phrase du monde, une respiration qui ne s’éteint pas : un battement discret, obstiné, qui relie ce qui fut à ce qui revient. La virgule, disais-tu, c’est le signe du vivant. Elle ne clôt rien, elle retient, elle relie le souffle entre deux cœurs, la pause avant le mot qui recommence.

Depuis toi, je vis là,  dans l’entre‑deux du temps,

Je ferme les yeux. Ton rire me traverse. Tu n’es plus à côté, tu es dedans. Silence suspendu

Vence, vielle ville

La Virgule du Vivant, je ne fais que tendre un miroir, sur lequel la lumière se réfléchit, recueil de ta sensibilité, et le mot, le verbe devient juste,,,

M.A., la Virgule , Symphonie pour une mémoire vivante

Elle s’appelait Marie-Ange, M.A., la Virgule,
elle avançait dans ma vie comme une note minuscule
qui fait basculer l’accord, qui retient la mesure,
une pulsation de lumière au milieu des blessures.

Elle me parle encore, sans voix, sans contour,
comme un violon très loin qui me frôle de velours ;
elle est la virgule du temps, celle qui suspend,
celle qui murmure au souffle : « Attends… doucement… »

Ses souvenirs reviennent en volées d’accords légers,
échos d’automnes anciens, de gestes frôlés,
un regard renversant le ciel, une épaule offerte,
un frisson qui m’atteint encore quand la nuit s’ouvre et me cherche.

Ton profil tourné vers l’horizon,
tes yeux, deux braises sans raison
tuaient le silence d’une douceur incendiaire ;
ta main glissant dans la mienne
était la première mesure de notre lumière.

Tu me montrais un nuage-cheval,
un astre qui cligne plus tôt que les autres,
mais c’est toi que je regardais,
toi, la fièvre calme,
toi, l’accord-secret d’une nuit qui se dévoile.

Tes caresses étaient des virgules sur ma peau,
des touches de harpe, lentes, en crescendo,
des gestes graves, solennels, presque sacrés,
qui disaient : « Ne coupe rien… laisse vibrer… »

Le goût de tes lèvres avait la saveur des aurores,
un miel salé, un accord d’ambre et d’or ;
tes mains allumaient ma poitrine en clair-obscur,
elles rendaient mes silences soudain plus sûrs.

Nos souffles se tissaient comme deux voix de soprano,
tendus, mêlés, en un fil crescendo ;
nos nuits devenaient un orchestre sans chef,
où nos ombres inventaient la suite,
sans rougir, sans trêve.

Tu chuchotais : « Écoute… le silence a une musique. »
Et j'entendais ton souffle, unique,
vibrer contre ma nuque comme une phrase sans fin,
une attente chaude, posée contre la mienne,
comme un destin.

Puis le vent, brutal, a déchiré la partition.
Un accident. Une rupture. Une dissonance sans raison.
Une phrase arrachée, un cœur renversé,
un monde qui perd soudain la moitié de sa clarté.

Depuis, je marche entre les lignes,
avec des notes sans portées,
des mains qui se souviennent,
des lèvres qui tremblent encore
du goût de nos étés.

On dit que le temps efface 
mais le temps n’a jamais retrouvé ta trace.
Il l’a perdue dans tes cheveux,
dans l’ombre chaude de ton sourire,
dans cette manière de respirer le monde
sans jamais le retenir.

Parfois, je te revois ou j’en ai le vertige :
une démarche, un parfum, une lueur qui voltige.
Jamais toi complètement,
jamais toi vraiment absente,
juste assez pour faire battre mon sang dans mes tempes

Par moments, une voix traverse mes silences :
un souffle, une note, une survivance :
« Virgule… respire… ne mets pas de point…
les grandes histoires ne meurent jamais vraiment. »

Alors j’attends, je recueille, je laisse venir,
comme un arbre immobile qui refuse de flétrir,
comme l’oiseau patient sur son balcon d’hiver,
comme la douleur qu’on aime malgré ce qu’elle serre.

Tu m’as appris que la vie est une phrase suspendue,
une partition sans fin, jamais tout à fait jouée, jamais perdue ;
un poème sans rature où tu dansais dans mes lignes,
trop pure pour ce monde, trop vraie pour ses épines.

Un jour, la phrase s’est rompue
mais jamais achevée.
Il reste un espace blanc, et moi, au milieu,
cherchant ta voix, son grain chaud,
ton regard posé comme un feu,

et cette virgule sur mon épaule,
vivante, tendre, immobile,
qui murmure encore :
« Continue… je suis là…
je respire dans ta ligne. »

Boris Sentenac La vie est une virgule de temps, tel un souffle pour parfums, pour mots de couleurs à dire à pleurer ou à chanter, une caresse de lecture à prendre et à donner, inscrite en encre noire sur l’ouvrage de l’éternité.


MA aimait les phrases sans point final, les gestes qui se reprennent, Elle roule sur son Solex, virgule au vent. Un jour, une route s’est refermée, sur elle. Mais la phrase, elle, ne s’est jamais arrêtée.

Solex en amour heureux


A l'intérieur, je suis

Stop intérieur: Je me cherche les yeux rivés au ciel et toujours, les nuages dessinent des parcours de vie, se transforment, créent des voies imprévisibles, trop rapides, trop vastes pour des lendemains.

Déviation intérieure : Je tangue, j’oublie mes certitudes, la nuit respire et refuse la peur, pas de contrôle, résistance aux saisons perdues, la tête s’efface dans les rides, le souffle s’étire.

Boucle intérieure: L’espoir devient prolongement du temps, les promesses suspendent leur vol, l’espoir, est une respiration, le souffle, la virgule sans fin de phrase, réponse d’un monde trop parfait.

Zone de turbulence intérieure: Le moteur déraille, souvenirs estompés, embouteillage de neurones, trouble de l’attention, perdu dans le vol migratoire des pensées, je joue, je crie, je bouge, j’hurle, je fatigue, je rentre, coqu' ile!

Virage intérieur: M.A. Virgule revient, courbe ressuscitée, rupture de pensées, pleurer sans comprendre, pluie d’étoiles neurologiques, gravité émotionnelle qui fait tanguer cette barque intemporelle.

Route intérieure: J’enfourche mon vélo pour traverser ma route, retrouver l’impensable vérité, d’une Virgule ensanglantée dans la courbe de la vie, chaque souffle guide un rythme, chaque regard un chemin.

Nuage intérieur : Les nuages continuent, rapides et insoumis, dévoilent des trajectoires que je n’ose suivre, mais je pédale, je tangue, je respire, la vie s’écrit entre mes mains et mes pieds. Mais où donc?

Intérieur des âmes  : dans ce tumulte, je sens la cadence, l’équilibre fragile, le vertige délicieux, la danse des instants suspendus, où chaque respiration devient mantra, chaque pensée, piste à traverser.

Beau comme la rencontre fortuite 

Sot laisse


LARS, tu dis “L’espoir fait vivre, les promesses aussi,” 


Oui.
Mais vivre, c’est respirer entre les deux.
L’espoir, c’est la lumière au bord du souffle.
La promesse, le frisson avant le mot.
Moi, je vis là, dans cet entre-deux du temps,
où rien n’est sûr, mais tout bat encore.
Et si je continue, c’est parce qu’au fond,
chaque virgule que je respire
porte encore son nom et que je reste en suspension de le vivre,,,,,,,,,,,,

Je n'imaginais pas tout cela sous un angle défini, ni là de mettre des notes sur les virgules, 
mon rapporteur décrit mes certitudes qui tanguent alors entre degrés additionnés,,,,,,,,,

Olivier Godin

 

Me voici donc dans mon propre texte 

Je tangue au travers de mes certitudes,
sur une virgule qui oscille comme un rêve suspendu,
barque légère au-dessus d’un abîme invisible,
où le temps ploie et s’éclaire d’instants volés.

La ligne droite me fuit,
comme un horizon qui s’éteint sous mes mains,
et je me perds dans des flux de lumière et d’ombre,
dans des éclats de mondes qui n’existent qu’en moi.

Tout s’élève et bascule,
mes gestes deviennent constellations,
mes pensées pluie d’étoiles,
et je respire l’infini dans chaque souffle hésitant.

La virgule est mon astre,
ma respiration, mon levier,
mon éclat dans la nuit,
ce lien fragile entre ce qui fut
et ce qui jamais ne finit.

Et dans ce vertige, 
la mélancolie devient parfum,  (santal)
la perte une lumière,
et je tangue encore, exalté,
au-dessus de moi-même, sans même tomber.