21 décembre 2025

TRANS SCRIPT / VIRGULE sur le SENTIER / Row

 

La Virgule sur le Sentier

Il y a un moment , toujours le même, toujours un autre
où le temps s’ouvre comme une brèche.
Une ellipse, une glissade, un trou de lumière.
Tu y tombes. Ou bien tu y renais.
Impossible de savoir.

Descension de Anish Kapoor, avec du Vantablack, nanotubes de carbone....Vertically Aligned NanoTube Array et Black, noir

La transcription, elle, se dissout.
Elle n’explose pas.
Elle se retourne, se replie, devient poussière de sens.
Je ne suis plus l’homme figé face au monde :
je deviens le marcheur du dedans,
celui qui sent la terre respirer sous sa peau.

Et c’est là que ça arrive.

Une virgule. La virgule, M,A, Virgule

Pas un signe.
Pas une figure de grammaire.
Non : une présence.

 Nonoss

Elle tombe doucement sur mon épaule,
comme une plume qui aurait appris le poids du temps,
comme un guide timide qui connaît déjà la route.
Elle me souffle :
« Rien n’est fini. Tout Continue. »

Alors, les sentiers s’ouvrent.

Les pierres se déplacent à peine,
les herbes inclinent leurs tiges,
et un chemin apparaît, 
pas droit, jamais droit , 
mais vivant, ondulant,
comme une pensée qui hésite avant de devenir parole.

"outSIDEin" Maja Petric

je marche.
Les tambours de mon cœur suivent le rythme du monde.
mon souffle devient prière.
mes pas deviennent offrande.
Et chaque arbre que je croise me respire
.

Il n’y a plus d’avant.
Il n’y a plus d’après.
Seulement cette longue respiration suspendue,
ce battement nu,
où l’univers s’autorise une pause.

La virgule pose sa main légère 
et me rappelle :
« Je suis le signe qui ne clôt jamais.
Je suis ce qui ouvre.
Je suis ce qui relie.
Marche. »

Alors je pars, je marche, je roule
avec le ciel comme témoin,
la terre comme mémoire,
et cette petite virgule comme éclaireuse
dans l’immense spirale du temps.


"La Lumière à l'œuvre" de Axelle Gitton

soudain, la transcription se transforme en clarté.

Car je comprends :
on ne tombe jamais.
On est ramené.
Guidé.
Réajusté.
Replacé exactement
là où la vie nous attend, 
consternation



Merci à M,A, Virgule,

12/25, RoW

CHEMINES / W

 

Chemines,



Mondes Cachés

Dans le sous-bois de hêtres où la lumière tombait par nappes, je marchais comme on avance dans un corps oublié, lentement, au rythme de respirations anciennes, et chaque tronc dressé semblait une colonne vivante, une épaule offerte, un flanc vibrant d’un langage que seuls les égarés savent entendre,

L’air avait cette densité particulière des lieux qui ont une mémoire, une douceur chargée d’électricité, cette tension subtile qui précède le frôlement, et je sentais autour de moi une présence sans chair, une tiédeur dissimulée, souple, presque désirante, glissant entre ces êtres comme un murmure qui cherche sa peau,

Le ciel, lui, portait un long cirrus en forme de virgule, incliné comme une bouche suspendue, souffle retenu, et je savais qu’il ne venait pas d’au-dessus mais d’au-dedans, comme un signe intime, un pli du temps qui m’appelait du coin d’une mémoire enfiévrée,

Alors elle a glissé, onde d’une femme, densité chaude dans l’air frais, un parfum sans origine, une silhouette de lumière, offerte et fugitive, ses contours à peine esquissés dans le tremblement des branches, et pourtant je la sentais contre moi, avec cette précision que n’ont que les présences absentes, ,,,

Elle avançait sans peser, courbant légèrement l’espace, et chaque feuille qu’elle frôlait vibrait comme un nerf qu’on effleure, révélant dans l’ombre une sensualité lente, un érotisme couvert de mousse et de silence, un désir sans corps mais non sans foyer, celui qui brûle dans les interstices du réel,

Je suivais ce mouvement sans savoir s’il venait du dehors ou de moi, et plus je marchais plus le chemin devenait corridor de souvenirs qui n’avaient jamais été vécus et pourtant connaissaient ma respiration, mes hésitations, mes failles, comme si elle, cette forme, cette chaleur, cette virgule vivante, avait longtemps séjourné dans mes secrets,

Le pont éventré apparut au détour d’un repli du terrain, jeté au-dessus d’une rivière si profonde qu’elle semblait absorber la lumière, et c’est là que sa présence se resserra, chaude, intérieure, glissant le long de mon flanc comme une langue de brume, caresse retenue, 

Elle vint alors se poser sur mon épaule, légère, marque infime et brûlante, signe d’un souffle qui refuse une fin,,,

Je remontai sur mon vélo, encore traversé de cette douceur clandestine, de cette tension délicate, de cette proximité trouble qui n’appartient ni à la vie ni au souvenir, et la forêt resta derrière, et nul regard ne pourrait saisir ce vécu sans l’avoir déjà connu,

Depuis, je marche dans le monde ,,, ce frisson discret, éclat enfoui, présence énigmatique, amante sans corps, souffle sensuel dans la mémoire du temps,,,




 

Mondes cachés


Dans le sous-bois de hêtres, la lumière tombait par plaques lentes. Je roulais, puis au pas, je marchais comme dans un corps ancien, attentif au souffle qui précède la pensée,

L’air était chargé d’une mémoire active, presque nerveuse. Quelque chose circulait, sans forme, tiède, précis, cherchant son ancrage. Au ciel, ou en moi, une virgule de nuage suspendait le temps. Je sus qu’elle n’annonçait rien : elle appelait. Alors elle glissa,

Présence sans poids, chaleur sans origine, je ne la voyais pas, je la reconnaissais, pliant l’espace, elle effleurait les feuilles, réveillait dans l’ombre un désir lent, couvert de mousse et de silence. Un feu sans corps, 

Le sentier devint étroit, peuplé de souvenirs jamais vécus mais déjà intimes, au pont éventré, au-dessus de l’eau noire, elle se rapprocha, brume chaude, sur mon épaule une marque légère, brûlante,

Je repartis. Au détour, la forêt demeurait muette, chaleur d'une amante sans visage, souffle logé dans la mémoire du temps.


12/25 RoW

18 décembre 2025

DEMO CRATIE / W

 

Cette image n’est pas un instant figé.
Elle est un miroir. Un miroir tendu à nos gestes, à nos renoncements, à nos peurs aussi.

Au commencement, il y a la confiance : celle que l’on place dans la démocratie, dans la force du nombre, dans la puissance tranquille des corps qui marchent ensemble sans armes.

Puis surgit la fracture. Une femme charge un fusil. Le symbole est brutal, presque obscène : là où la parole vacille, la violence s’installe. Ce n’est pas un appel à la haine, mais un avertissement,,, quand le dialogue se délite, l’humanité elle-même recule. 

Combien de temps encore faudra-t-il pour que quelqu’un accepte enfin de l’écouter sans filtre, sans peur, sans mépris.

Quand le peuple se lève

La démocratie s’est présentée comme un livre ouvert, posé au milieu de la place, lisible par tous, offert à chaque main, un livre où chacun devait pouvoir reconnaître sa phrase, son rythme, son souffle,

Au commencement, il y avait la confiance, celle que l’on accorde aux mots quand ils promettent d’être communs, celle que l’on place dans la règle écrite pour protéger, non pour enfermer,

la Constitution était alors une charpente, un texte-porteur, un cadre souple destiné à empêcher le retour de la force nue, elle disait, plus jamais sans vous,

Puis le temps a passé, les pages se sont épaissies, les marges se sont remplies de notes, d’exceptions, d’articles secondaires, le livre est resté ouvert, dit-on, mais de moins en moins lisible, réservé à ceux qui savent tourner les pages sans les froisser,

Le peuple, lui, est resté au seuil, on lui a dit, lis, on lui a dit, vote, on lui a dit, fais confiance à ceux qui interprètent pour toi, il a obéi, il a patienté, il a cru, longtemps, mais à force de traductions techniques, les mots ont cessé de lui parler,

La Constitution protège, répète-t-on, mais protège quoi, et qui, quand elle devient un rempart contre la contestation, quand elle sert à accélérer sans expliquer, à décider sans écouter, à légitimer l’urgence comme méthode de gouvernement,

Ce qui devait être un socle, se transforme parfois en plafond, non par malveillance, mais par inertie, par peur de rouvrir le texte, par crainte que la parole populaire déborde les lignes prévues,

Alors le peuple se lève, lentement, sans slogans héroïques, avec des vies concrètes, des factures, des fatigues, des colères sans tribune, il ne demande pas l’abolition du livre, il demande qu’on le rouvre vraiment, qu’on relise à voix haute, qu’on admette que le temps a changé la lecture, 

Car une démocratie qui ne supporte plus d’être questionnée cesse d’être un espace vivant, elle devient un texte sacralisé, intouchable, et donc progressivement détaché de ceux qu’il était censé servir,

Le danger n’est pas que le peuple parle trop, le danger est qu’il n’essaie même plus, qu’il referme le livre à son tour, non par violence, mais par désillusion,

Un texte fondamental ne vaut que s’il accepte d’être relu, une Constitution n’est forte qe lorsqu’elle tolère le doute, le débat, l’ajustement, sinon elle cesse d’être une promesse, et devient une vitrine, solide, brillante, mais séparant définitivement ceux qui décident
de ceux qui vivent,

La vraie question ne serait donc pas si la démocratie est menacée par le peuple, mais si elle peut encore survivre en refusant de l’entendre,

Car un livre que l’on n’ouvre plus ensemble finit toujours par être confisqué, ou oublié, et une démocratie qui n’écoute plus cesse un jour, sans bruit, d’être une démocratie,,,



Préface


Ce livre s’ouvre sur une conviction simple et exigeante : la démocratie n’est ni un idéal immaculé, ni une mécanique froide, elle est d’abord une conversation continue entre des vivants qui partagent un destin, et la Constitution en est la charpente, offerte pour tenir la fragile maison commune, sans jamais pouvoir la remplacer entièrement,

La Constitution a ce mérite, salutaire, d’apporter la règle quand le tumulte menace de tout emporter, d’offrir un repère quand les passions cherchent l’ancre, de rappeler, au-dessus des intérêts immédiats, des principes pensés pour durer, protéger et encadrer la liberté et l’égalité, mais elle n’est pas la vie elle-même, elle n’épuise pas la légitimité des mains qui travaillent ni la profondeur des peines qui se vivent sur le terrain,

Respecter la Constitution, ce n’est pas la sacraliser jusqu’à la couper du tissu social, c’est la lire comme on relit une œuvre, avec attention, humilité et courage, prêt à y retrouver ce qu’elle protège et à y repérer ce qui, avec le temps, ne répond plus aux besoins du commun, car la force d’un texte fondateur tient autant à sa stabilité qu’à sa capacité d’être réinterprété à la lumière des expériences vécues,

De même, honorer la démocratie, ce n’est pas applaudir un spectacle d’institutions respectées à distance, c’est faire place à la parole, à l’écoute et au débat, c’est accepter que la décision se gagne parfois dans l’inconfort de l’échange, que la légitimité se construit dans la visibilité de la délibération, et que la souveraineté réelle se mesure à la capacité des institutions à accueillir, entendre et transformer les demandes du peuple en règles justes et compréhensibles,

Les tensions qui secouent nos sociétés, accélération des décisions, technicité des textes, distanciation entre experts et vécus populaires, ne doivent pas conduire à opposer la lettre et l’esprit du droit, mais à réinventer les modalités démocratiques, à rapprocher la table des délibérations des bancs de la vie quotidienne, à rendre la Constitution utile là où elle s’éloigne, c’est-à-dire prête à servir la justice plutôt qu’à la dissimuler sous des procédures obscures,

Ceux qui craignent l’ouverture du texte craignent souvent moins le changement que l’inconnu qu’il entraîne, et ceux qui demandent sa réouverture demandent moins l’anarchie que la pertinence ; la bonne gouvernance consiste à tenir ce double péril, protéger sans figer, renouveler sans trahir, écouter sans capituler devant l’immédiateté des peurs,

Ce livre se veut une invitation au réel travail de la démocratie, discret et patient, il appelle la réhabilitation de la parole publique, l’échange horizontal entre savoirs techniques et savoirs vécus, la capacité des institutions à expliciter leurs choix et à rendre des comptes, et il rappelle que la légitimité se nourrit de clarté plus que de contrainte,

Que la Constitution reste ce socle, oui, mais qu’elle soit aussi une matière à revisiter, à corriger et à actualiser, non pour céder à toutes les passions, mais pour garantir que la loi demeure le langage commun qui traduit les valeurs partagées en protections effectives, et que la démocratie demeure le lieu où ces valeurs se négocient avec respect et exigence,

Ce livre veut contribuer à ce chantier, il ne prétend pas livrer des réponses définitives, il propose des regards, des questions, des hypothèses de travail, et surtout une posture : celle d’un regard qui hésite et qui persiste, qui sait que la stabilité sans effort d’adaptation mène à l’érosion, et que l’adaptation sans solidarité conduit à la fragilité,

Enfin, ce texte est un appel à la modestie active : défendre la Constitution en en faisant un outil vivant, préserver la démocratie en en faisant un livre que l’on ouvre et relit, et cultiver ce geste simple et nécessaire, suspendre un instant, ramener la respiration, poser une virgule avant d’écrire la suite, afin que les décisions d’aujourd’hui se lisent avec justice demain,

Qu’il s’agisse de protéger la vie collective ou d’ajuster la Loi, que ce livre encourage la reprise du dialogue, la patience du raisonnement, la chaleur de l’écoute, afin que la démocratie reste, non une vitrine, mais la maison dans laquelle chacun puisse reconnaître sa place.


La démocratie n’est pas un décor. Elle est un geste vivant, fragile, qui exige écoute, temps et confiance.

La Constitution en est l’ossature. Elle protège, elle limite, elle empêche la violence. Mais lorsqu’elle se fige, lorsqu’elle cesse de dialoguer avec le réel, elle peut devenir un écran, un frein, parfois même une distance entre le peuple et ce qui se décide en son nom.

Respecter la Constitution ne signifie pas s’interdire de la questionner. La fidélité aux principes n’exclut pas leur réinterprétation. Un texte fondateur n’est pas une fin, mais un point d’appui : il doit soutenir la démocratie, non la contenir.

Aujourd’hui, la défiance ne naît pas du désordre, mais du sentiment de ne plus être entendu. Quand la loi devient technique, quand le débat se referme, quand l’urgence remplace l’explication, la démocratie s’étiole sans bruit. Il ne s’agit pas de rompre, mais de rouvrir. Redonner sens à la parole, rendre les décisions lisibles, rapprocher le droit du vécu. Faire de la Constitution non une forteresse, mais une agora. 

Car une démocratie qui craint la voix de son peuple oublie à qui elle appartient. Et un texte qui ne respire plus cesse de protéger. 

Ce livre commence ici : au moment précis où l’on choisit d’écouter avant de trancher, de poser une virgule, et de reprendre la phrase ensemble.





Dans ce monde où les voix s’entrelacent et s’effacent, où le souffle du peuple se heurte aux murs invisibles de la loi, où la Constitution apparaît comme un guide et parfois comme un frein, la démocratie se déploie, fragile, vacillante, comme une danse lente, incertaine, une danse qui cherche sa mesure dans le rythme des jours, dans le tangage des certitudes et des espoirs suspendus.

Le peuple se lève, non d’un bond, non d’un cri, mais avec des genoux usés, des mains tendues, des cœurs qui battent en silence, avec des regards qui cherchent à travers les lignes de texte, à travers les articles gravés dans le marbre, la justice qu’on lui a promise, la voix qu’on lui a volée.

Il avance sur la scène, les pas lourds des dettes et des promesses effacées, les épaules chargées d’histoires trop anciennes pour être racontées, le souffle suspendu dans l’air où la Constitution, parfois, devient une barrière, parfois, une étoile, un levier, un fil invisible qui relie les âmes à l’équité.

Et pourtant, dans cette chorégraphie de mains et de corps, dans ce clair-obscur où la légalité et la vie se frôlent, la sensualité de l’instant surgit, une chaleur subtile, une vibration entre les êtres et les textes, une caresse d’attention qui fait frissonner la mémoire des gestes, la beauté fragile de ce lien qui ne se voit pas mais se sent, comme un parfum suspendu dans l’air, comme une virgule qui oscille et ne cesse jamais de prolonger la phrase. 

Il se lève quand il comprend que la démocratie n’est pas un décor, qu’elle n’est pas une mécanique à laquelle on obéit, mais un corps vivant, un souffle partagé, un échange constant où chaque voix, chaque souffle, chaque main compte. Les institutions se dressent, les protocoles s’alignent, les lois s’empilent, les règles se répètent, et le peuple danse, entre les lignes, entre les articles, comme un funambule sur le fil d’or du sens, comme une ombre qui se glisse dans la lumière, comme un cœur qui bat malgré les silences et les interruptions. 

La Constitution devient un partenaire de danse, tantôt guide, tantôt obstacle, une présence mystérieuse qu’il faut toucher, sentir, comprendre, comme on approche un être aimé sans oser le nommer, comme on suit une virgule qui descend, floue mais vivante, comme on respire un parfum de justice qui n’existe que si l’on tend la main.

Alors le peuple se lève, non pour conquérir, mais pour réclamer le droit d’exister pleinement dans le tissu du temps, pour faire vibrer la démocratie jusque dans ses fibres les plus intimes, pour que la loi cesse de trembler et que la voix cesse de se perdre.

Et dans cette symphonie de corps et de textes, dans ce ballet de mains, de regards et de silences, la vie se déploie, charnelle, subtile, incandescente, la sensualité du geste devient politique, le souffle devient citoyen, la virgule devient fil conducteur de l’histoire, le rythme d’un peuple qui refuse d’être réduit à un tableau ou à un chiffre, une phrase qui ne se termine jamais, un mouvement qui se prolonge, un murmure de liberté, un souffle de justice, un écho d’humanité.



12/25 RoW

17 décembre 2025

BERNARD / W

Nous sommes partis sans raison autre que l’envie,


un dimanche ouvert comme un chemin de terre.
Les vélos chargés de silence,
les mains posées sur le guidon comme sur une promesse simple : avancer ensemble.



Le sentier montait, rugueux, honnête,
il demandait des jambes, du souffle, un peu d’abandon.
Le soleil faisait son travail,
lent, précis, sans commentaire.
L’eau du gave roulait en contrebas,
claire, obstinée, fidèle à sa pente.
Les bois traversés ne jugeaient pas,
ils laissaient passer nos roues,
nos voix rares, nos respirations accordées.


Il y avait ce temps offert,
précieux justement parce qu’il n’était pas prévu,
un temps qui ne se marchande pas.
Pas besoin de parler de métier,
ni de raisons, ni même de fatigue.
Tout se disait autrement : dans le rythme partagé,
dans l’attente naturelle quand l’un ralentit,
dans l’élan quand l’autre relance.


Rouler à deux, c’est apprendre la mesure,
ni devant, ni derrière, juste à côté.
C’est accepter que le chemin fasse son œuvre,
qu’il lime les angles, qu’il rapproche sans discours.

Alors merci, simplement.
Merci pour ce dimanche donné sans compter,
pour la route acceptée telle qu’elle venait,
pour le soleil, l’eau, les arbres,
et cette façon discrète d’être là,
Nous avons roulé,


16 décembre 2025

ABATTAGE ? / W

 

Chronique d’un abattage annoncé



On nous dit : c’est nécessaire.
Un mot propre, un mot froid,
posé sur le vivant comme un couteau administratif.

Un cas. Un seul.
Et un troupeau disparaît,
des années de gestes, de veilles, de regards,
effacées par une décision qui ne tremble pas.

Personne n’explique vraiment comment la maladie voyage.

En hiver, sans insectes visibles,

elle saute les vallées, franchit les montagnes,
apparaît ici, puis là,
comme si le hasard aurait un agenda.




On ne désinfecte pas les mots,
on envoie des uniformes,
on ferme, on abat,
et l’ordre public remplace la question sanitaire.

Qui nettoie les roues, les mains, les bottes ?
Qui suit les trajets, les marchés, les intermédiaires ?
Qui regarde les flux  ?

On préfère l’efficacité spectaculaire,
le troupeau à terre rassure plus
qu’une enquête longue et dérangeante.



Et pendant ce temps, les signatures tombent,
les accords se négocient loin des prés,
les frontières s’ouvrent aux marchandises
pendant que les campagnes se ferment aux hommes.

On appelle cela protection.
Mais protéger sans comprendre, c’est répéter.
Répéter sans apprendre. Abattre sans voir.

Alors oui, certains posent des questions.
Ils sont vite classés, étiquetés,
rangés dans la case des gêneurs.



Mais demander pourquoi n’est pas refuser de lutter.
C’est refuser l’aveuglement.

Car une société qui abat d’abord et réfléchit ensuite
finit toujours par s’étonner
de n’avoir plus rien à défendre.

PHYTIATRE

 A la question, mais il y a bien un métier auquel vous aspirez, une ambition, une vision, désir profond??? allez, dites nous

ce à quoi, je réponds PHYTIATRE... surprise d'un DRH en panik, introspection lors d'un entretien d'embauche....

- Expliquez moi!!!

La , où la plante est phrase inachevée, où la feuille est respiration, où la racine est mémoire.

Les plantes sont des êtres sensibles, elles souffrent, elles aiment, elles pleurent, elles parlent un langage silencieux que l’homme a oublié. Elles sont les , les témoins de l’histoire, les messagères de l’équilibre. Elles sont la voix de la terre, la , la lumière de l’ombre. Elles sont la vie elle-même, dans sa fragilité, sa beauté, sa complexité. 

Consternation, regard plongeant, interrogatif...

Alors ... je vous écoute ... je reste curieux de comprendre votre démarche...

J’aurais voulu être phytiâtre,
soigner les plantes, les dorloter sans hâte,
écouter leurs plaintes muettes, leurs feuilles en bataille,
pendant que l’homme détourne le regard, indifférent.

J'ai bien accompagné certaines,,, et cela est le fruit de mon comment dire
Bref.........je pense avoir acquis cette expérience!!!

une laitue dépressive montant en graine,
un poireau plié de spasmophilie chlorophyllienne,
une carotte à la rotule fêlée, une betterave couverte d’acné,
un pommier tavelé hurlant son psoriasis,

Oh ! le basilic trépigne, la menthe gémit,
et l’homme passe, tête baissée, faisant semblant de rien.
Le lierre chronique l’oubli des murs,
la vigne a des crises de folie radiculaire,
le fenouil fantasme sur la lumière et le soleil,
tandis que l’herbe folle chante sa vengeance silencieuse.

L’ail souffre d’anxiété sulfureuse,
le céleri d’hyperactivité chlorophyllienne,
la tomate cerise d’épuisement émotionnel,
le poivron de crises pigmentaires,
la fraise a le complexe de vitamine C,
la pomme de terre la dystrophie nocturne,

et toi, pauvre humain, tu râles contre un rhume,
tu cries contre ta tache d’acné.
Le tournesol se courbe, victime du syndrome de l’éclipse sociale,
le concombre pleure son stress de serre,
le navet hurle sa dépression racinaire,
la vigne prépare ses vendanges de rancunes,
pendant que l’homme traverse et change d'allée

Moi, phytiâtre, je les écoute toutes, je les soigne,
je leur parle comme à vous :
elles acceptent la douleur,
elles ne crient pas, ne négocient pas, ne tirent pas le volet,
elles se tiennent là, fragiles, subtiles, puissantes.

AAAAH ! et toi, c'est toi, lecteur, tu passes, tu marches, tu ignores,
et moi je hurle : « Regarde la carotte, la betterave, le chou, le poireau !
Regarde la douleur muette, la rage silencieuse, le désespoir vert ! »

La roquette a un eczéma existentiel,
le radis noir la schizophrénie racinaire,
le pissenlit la paranoïa pétalée,
la ciboulette le burn-out chlorophyllien,
et l’homme ? L’homme détourne le regard, ... comme souvent.

Et moi, phytiâtre, je ris, je pleure, je crie,
je leur parle, je soigne, je tends la main,
je désire des miracles d’humour, d’absurde et de folie,
pour que chaque feuille sente qu’elle compte,
et que chaque humain voie, au moins une fois,
que la plante aussi souffre, aime…
que la plante aussi pleure, en silence, dans le vent,
et que tout le monde est relié dans cette forêt embroussaillée de la vie.

Le mal a dit:

Et puis, parfois, je doute.
Je ne suis que jardinier du désordre,
un bricoleur d’âmes vertes.
Je ne guéris pas : j’écoute.

Car la maladie n’est pas qu’un mal,
elle parle, elle avertit, elle réclame l’équilibre.
Elle dit ce que l’homme tait,
elle rappelle que vivre, c’est chercher sa mesure.

Être phytiâtre, c’est pas sauver,
c’est apprendre à se taire devant le mystère,
à comprendre que le flétri, le tordu, le tavelé
sont les signes mêmes de la vie.

le matin, quand la rosée tremble encore,
elles murmurent non pas des plaintes, non,
des secrets de joie lente, des mots d’eau et de lumière.

Le blé me confie son rire d’épis,
le tilleul exalte un parfum de paix,
la sauge m’offre ses rêves argent,
et la tomate, apaisée, rougit d’amour simple.

Alors je dépose les outils,
je m’assois dans le jardin, et j’écoute.

comme un ami devine le chagrin caché dans un sourire,
je tends l’oreille à chaque feuille,
à chaque tige qui ploie sous l’ombre ou qui cherche la lumière.

Le bonheur n’est pas seulement soigner,
mais de prendre le temps, de regarder, d’entendre, de comprendre
ces petits riens qui font la vie,
ces souffrances muettes que l’on dit invisibles.

Et moi, phytiâtre, je vis, je respire, j’écoute,
je transpose et j’écris
l’amour du monde et des hommes.

Je me tais,
le cœur chlorophyllé,
ivre de sève, de silence et d’humanité.

Ah! eh bien nous vous écrirons... force est de constater votre, comment dire, votre disposition... à ... entendre... le silence... 


   Dissonance et complémentarité

Une voix qui hante les mots, me répond,  âme revenue, diffuse, portée par le parfum des saisons et des mots suspendus: "Je  sais, Je le sens, Et je suis là, toujours, entre les lignes, entre les mots, entre les virgules qui suspendent le temps et ouvrent des espaces de possibilité,,,







15 décembre 2025

CLOS / CONDUCTIVITE / RoW

 

Quand le fil est au boulot

Le fil se tend, il court sur la plaine,
Électrons en cavale, jamais ne se freinent.
Mais attention, chaque métal a sa loi,
Alu, cuivre ou acier, chacun fait son choix.

Longue est la clôture, grande est la résistance,
Plus elle s’étire, plus le courant perd de puissance.
Quatre fils d’acier pour cent vingt kilomètres,
Un seul fil ? Trente seulement, attention à votre quête !

Le mouton laineux, doux et bien caché,
Freine un peu le flux, mieux vaut le rappeler.
Le cheval, le bovin, poils courts, conducteurs légers,
Ressentent le choc, le courant bien dosé.

Et le sol, ami discret mais essentiel,
Doit être humide, conducteur naturel.
Une bonne mise à la terre, bornes bien reliées,
Sinon le flux s’arrête, le choc s’évanouit en fumée.

Évitez les nœuds, les fils mal connectés,
Chaque torsion peut ralentir le flux attendu.
Ruban, corde, fil lisse ou acier inoxydable,
Choisissez bien le conducteur, sinon la clôture devient instable.

La végétation, elle, adore jouer les troubles-fête,
Chaque brin qui touche le fil crée une perte nette.
L’énergie d’impulsion, mesurée en Joules,
Doit être suffisante pour franchir les obstacles et les houles.

Fil fin, courant faible, fil gros, puissance préservée,
Choisir le bon matériau, c’est déjà sécuriser le pâturage.
Alu pour légèreté, cuivre pour la distance,
Acier galvanisé, robustesse et persistance.

La résistance électrique, c’est l’ombre du conducteur,
Inverse de la conductivité, ennemie du flux, mais vraie valeur.
Mesurée en ohms, elle limite le passage,
Chaque centimètre compte, surtout sur de grands étages.

Et l’électrificateur ? Cœur battant du système,
Il dose tension et courant, il gouverne le thème.
Énergie de charge, énergie d’impulsion,
Plus elle est forte, plus le flux traverse la clôture sans confusion.

Courant et tension, un duo inséparable,
Pour protéger le troupeau, chaque fil est capable.
Sans oublier les isolants, fidèles compagnons,
Ils guident le conducteur, évitent la dissipation.

Alors, quand le mouton approche, frôle le fil,
L’électricité circule, le choc est subtil.
Mais le loup, malin, observe et teste,
Seul un système bien conçu tient sa promesse.

Conductivité, longueur, type de fil et mise à la terre,
Chaque détail compte, chaque point est une pierre.
Pour que la clôture soit efficace et durable,
Pour que l’électrificateur reste fiable et remarquable.

Le fil tendu n’est pas qu’une simple ligne,
C’est un guide, un gardien, un outil qui fascine.
Il transforme l’électricité en protection réelle,
Dans le pâturage, il devient presque immortel.

RoW 11/25

12 décembre 2025

PIE NOIR / RoW

 

**Jalouse et Mylène,

bretonnes pie noir de mes jeunes années à Cuala



Elles n’étaient que deux,
mais elles remplissaient tout le paysage.
Deux bretonnes pie noir,
deux taches de vie dans les années quatre-vingts,
là où la terre parlait encore
par le bruit du vent et la patience des bêtes.



Le matin avait toujours une odeur.
Celle du foin tiède que je soulevais à la fourche,
promesse dorée tombant en pluie lente
sur le râtelier de l’étable.
Celle du regain que j’apportais le soir,
un parfum vif, vert, presque sucré,
qui faisait frémir leurs naseaux.
Et, sous tout cela, la note plus profonde
des fougères séchées,
leur couchade légère,
faîte de bruns et de craquements,
où elles se posaient comme dans un nid d’automne.

Quand elles bougeaient,
les cloches accrochées à leur cou
laissaient tomber un son clair,
comme une pensée qui se décroche.
C’était un tintement de vérité,
un écho qui traversait la cour
et se perdait dans le champ voisin,
où la brume restait souvent couchée
plus longtemps que nous.

Jalouse et Mylène avaient des cornes droites,
signes fins tournés vers le ciel,
comme si elles saluaient le jour.
Elles tenaient debout
avec la force de celles qui savent
que la terre leur est alliée.
Leurs pieds s’enfonçaient doucement
dans la terre grasse et sombre,
la même qui nourrit,
la même qui pardonne,
la même qui garde la mémoire.

Je les étrillais lentement,
comme on écoute une histoire.
Leur peau chaude vibrait à peine,
et je sentais sous mes doigts
la confiance simple des bêtes
qui n’ont rien à cacher.
Leurs yeux noirs , 
ah, leurs yeux ! ,
longs-cils battant comme des ombres douces,
me regardaient parfois
comme si j’étais plus ancien que mon âge,
plus digne que je ne l’étais vraiment.

À l’heure de la traite,
le seau posait sa lumière d’étain
au pied de leurs flancs.
Le lait venait en jets tranquilles,
chauds, réguliers, vivants,
et le monde se rétrécissait
à ce bruit blanc
qui parlait mieux que les mots.

Certaines nuits, je dormais auprès d’elles.
Leur respiration me berçait,
leurs mouvements lents
secouaient la paille
comme un petit tonnerre familier.
Un coup de queue, parfois,
venait me dire d’arrêter,
mais jamais sans ce regard retourné
qui portait une douceur ancienne,
une sorte de sagesse silencieuse
dont je m’inspire encore.


Leur présence n’avait rien d’extraordinaire,

et pourtant elle a façonné ce que je suis.
Elles m’ont appris la patience,
le respect,
la chaleur sans paroles,
l’importance de la terre
et la beauté du peu.

Jalouse, Mylène…
deux bretonnes pie noir
dans un temps où l’on prenait encore le temps.
Deux silhouettes tachetées
que le monde ne remarquait pas,
mais qui, pour moi,
ont porté tout un ciel.

12/25 RoW

11 décembre 2025

DNC / W

Le Cri des Prés en Déni Non Contrôlé 

Les insectes piquent. Le virus circule, discret, 


Une vache fiévreuse devient une menace pour notre marché.
Un risque dans un tableau Excel, une anomalie à corriger.
Alors on l’abat. On l'efface. On assainit. Pour sauver les chiffres.
On ne protège pas la vie. On protège les flux.
On ne soigne pas les bêtes. On soigne les contrats.

La prairie devient tribunal. Moo… Une vache tombe. Moo ! Les vaches tombent. La courbe doit rester lisse. Une vache ! Une variable d’ajustement dans la colonne du bilan.


Leurs yeux, leurs souffles, leur présence tranquille dans l’herbe haute sont avalés par nos maux : rentabilité de marché. 

« Moo… Moooooo,  L’éleveur se met à genoux. Devant les directives,  face aux "agents" de maintien de l'ordre, de la sécurité et de l'exécution des lois, il regarde son troupeau partir, ses mains tremblent. Le goût amer de l’impuissance. Et le marché, implacable, tourne, indifférent au souffle brisé, aux yeux qui se ferment, aux prés qui saignent silencieusement. Le beuglement qu’on étouffe nous revient.

Nous regardons ailleurs.

Les prés frémissent. Rouge devient l’herbe.
Les beuglements s’élèvent, se multiplient, se répondent 
Le silence de l’homme, elles se regardent, symphonie :Moooooo,de désespoir. Ce qui tombe alors, dans l’ombre des prés, ce n’est pas seulement une vache. Ce sont des souffles, des vies, des présences trahies.



Ce n’est pas la dermatose qui ravage nos campagnes. C’est notre façon de considérer le vivant : un simple rouage, une ressource, un stock à éliminer quand il dérange. Ce qui tombe alors, dans l’ombre des prés, ce n’est pas seulement une vache.

12/25 RoW