Dans le vent des vallées, des clôtures veillent,
L’acier parle au vent, un signal s’allume.
Les loups reviennent, silhouettes dans la nuit,
Leurs yeux de braise scrutent un monde sans bruit.
L’homme n’est plus seul dans l’écho des montagnes,
Ses machines veillent, dressées, toiles d’araignées.
Entre chair et courant, la frontière s’invente,
Un souffle électrique, lueur vivante.
Bleu le fil , ce bleu qu’aucun prédateur n’oublie,
Reflet d’un tonnerre contenu sous la pluie.
Couleur de l’interdit, signal d’intelligence,
Un simple ruban tendu entre deux silences.
Sous la lune, des capteurs battent comme des cœurs,
Comptant les pas, les ombres, les rumeurs.
Le troupeau dort, bercé d’ondes, à l'abri
Le réseau veille, invisible, jour et nuit.
Des lumières s’éveillent : pulsations bleues,
Murmures d’ultrasons, étincelles de feux.
Sept mille volts, éclairs sans haine,
Non pour blesser, mais pour freiner la peine.
Les bergers d’aujourd’hui portent un regard sur l'écran,
Leur sifflet s’affiche en message clignotant.
Les chiens gardent encore, mais suivent les balises,
Leurs colliers GPS tracent d’étranges devises.
Le cri du berger s’est fait notification,
Le vent des monts s’est mué transmission.
Et sur l’écran, au rythme des signaux,
S’affiche un troupeau, sous veille, sous halo.
Pourtant à l’aube, quand la rosée s’éclaire,
On voit les traces, humbles, familières.
Le loup hésite, le fil vibre et gémit,
L’homme observe, ému, ce vieux défi.
Qui garde qui ? demande la colline,
L’animal ou la main qui s’illumine ?
Dans le code et le cri, la frontière se fond,
Le vivant s’adapte, l’acier répond.
Les clôtures pensent, apprennent la peur,
Leur souffle répète la rumeur des hauteurs.
Elles traduisent les gestes, les fuites, les courses,
Langage nouveau, mémoire des sources.
Le soleil se lève, les panneaux s’inclinent,
Traçant leurs ombres sur l’herbe fine.
Les capteurs rêvent, les batteries respirent,
La lumière bleue s’accorde à l’avenir.
Et dans ce monde tendu d’électricité,
Où chaque fil murmure sécurité,
Les bêtes et les hommes, liés d’un même réseau,
Partagent la terre, partagent le fardeau.
Un jour peut être, au-delà des saisons,
Les clôtures chanteront leur propre chanson
Mêlant dans l’air le souffle et la raison,
Fiction, anticipation… ou simple évolution.
RoW 11/25

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