Entre les fils
La clôture la plus longue du monde, presque deux mètres de haut,
Cinq mille six cent quatorze kilomètres… ou peut-être plus ?
Une ligne droite, infranchissable, entre l’intérieur et l’extérieur,
L’homme et le monde, face à face, séparés par les fils de métal.
En Australie, vingt-quatre lapins s’échappent,
Ils deviennent des millions, rongent les cultures, défient l’homme.
On dresse mille sept cents kilomètres de barrière,
Les émeus viennent, les dingos rôdent, la nature se débat.
La clôture protège, mais elle interroge :
Chaque fil posé, chaque poteau planté, change le paysage,
Modifie la vie, crée des limites, des lignes invisibles pour ceux qui observent.
À l’intérieur, les ovins, tranquilles, protégés.
À l’extérieur, les prédateurs, libres, rusés, inquiets.
Le dingo court le long de la barrière, cherche la brèche,
Le lapin, l’émeu, le dromadaire… tous testent la limite.
L’homme doit voir, écouter, comprendre.
La barrière seule n’est rien,
Sans l’entretien, la vigilance, la réflexion et le savoir-faire.
Chaque réparation, chaque contrôle, chaque appât,
Est un dialogue avec la nature et les animaux.
Cinq mille six cent kilomètres… et pourtant, la question persiste :
Une clôture peut-elle vraiment tout arrêter ?
Peut-elle protéger sans l’œil et la main de l’homme ?
Sans le chien qui veille, sans le berger attentif,
Sans la réflexion sur le terrain, le climat, les habitudes des prédateurs ?
Les moutons sont là, immobiles ou paisibles,
Mais le monde sauvage observe, teste, attend.
Et nous, humains, gardiens et artisans de ces lignes,
Nous apprenons que la clôture n’est qu’un outil,
Un outil parmi d’autres,
Toujours fragile, toujours à compléter par le regard et la présence.
RoW 11/25

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