Partition pour champs sous tension
Ce ne sont plus des murs,
mais des ondes dressées :
une frontière de lumière,
facile à poser, facile à déplacer.
Trois fils parfois, un ruban, une corde —
tout dépend du vent, du troupeau, du lieu.
Chaque brin devient mot d’ordre,
chaque piquet, un vœu.
L’électrificateur pulse, discret,
comme un cœur sous la terre —
il donne vie au réseau,
respire l’énergie claire.
Un choc bref, une étincelle —
non pour blesser, mais rappeler :
la limite est ici,
l’espace à respecter.
Les guides, les brochures vantent,
chacun son fil, sa vérité.
Leur verbe brille, leur cuivre chante
mais qui lire, qui écouter ?
Dans les champs, la pratique seule
remet la théorie à sa place.
Le vent, la pluie, la bête
eux seuls tracent la grâce.
Le polywire : fin serpent d’acier et de plastique,
mêle le métal au souffle des polymères.
Le polytape : ruban lumineux, large et visible,
flotte au vent comme un drapeau clair.
Trois, six, neuf brins d’acier,
mêlés de cuivre pour mieux conduire
chaque toron, une promesse,
chaque volt, une mesure à suivre.
À huit cents mètres déjà, le courant s’essouffle,
dans l’acier trop fin, la tension s’étouffe.
Mais l’aluminium, noble et léger,
conserve la charge, la fait voyager.
Pourtant, trop fragile sous la main,
le fil d’alu casse, se plie, se plaint.
Alors on le réserve aux clôtures fixes,
aux lignes qu’on ne bouge qu’à la fin.
Le choix du fil ou du ruban ?
Question de regard et de vent.
Le ruban brille, rassure la bête,
mais cède plus vite quand le vent s’apprête.
Le fil, discret, se rembobine mieux,
résiste au temps, au feu, aux cieux.
Le ruban vibre, le fil s’entend
chacun sa musique, chacun son champ.
Le vent s’y mêle, fait “fasseiller” le ruban,
danse sur la corde, joue du courant.
Là, le fil se tord, se tend, s’adapte,
chaque brin d’acier devient parole exacte.
Six brins suffisent pour la raison,
neuf pour la passion.
Trop, et la main s’y perd ;
trop peu, le courant se perd.
Ainsi l’équilibre s’apprend :
poids, tension, conduction
entre budget, usage, émotion,
l’homme cherche sa perfection.
Une bobine bien faite voilà le secret.
Pas de fil autour du bras, ni d’improvisé.
L’enrouleur garde le flux,
comme un poème qu’on déroule nu.
Acier ou plastique, peu importe la manivelle,
pourvu qu’elle tourne juste, fidèle.
Le geste du matin,
doit être fluide, serein.
Les piquets : fer, fibre, plastique,
chacun chante une musique.
Les “T” d’acier sont rois de la durée,
mais lourds à planter, durs à bouger.
La fibre, fine et souple, s’enfonce au marteau,
mais casse si l’on frappe trop haut.
Alors vient la cloche, douce, protectrice,
ou la douille vide, rustique, malicieuse.
Un trou, une pierre, un sol rétif,
et l’homme invente un geste vif.
Une pédale, une pointe d’acier,
et le piquet s’ancre, léger.
Sous le soleil, les UV guettent,
la fibre s’use, l’époxy s’effrite
mais l’éleveur sait repeindre la limite,
et l’outil reprend son éclat d’astre.
Le fil blanc
éclat pur sur l’herbe verte
se voit, s’impose, avertit,
prévenant l’élan avant la fuite.
Blanc sur vert,
ou noir sur neige,
le contraste guide la vue,
et l’animal apprend la règle.
Les fils bleus, couleur étrange,
sont, dit-on, les plus perçus
par les yeux du mammifère :
bleu, vert, jaune, seront les tons reconnus.
Alors la couleur devient langage,
signal visuel et message.
L’électricité, la lumière, le geste,
s’unissent pour créer un texte.
Les marques naissent,
les gammes s’affinent.
Gallagher, maître du fil,
trace sa ligne.
Vidoflex, 3, 6, 9, 12
comme des mesures de musique.
Chaque version une portée,
chaque brin une note électrique.
Trois fils d’acier pour les courts chemins,
neuf brins cuivre pour les longs lendemains.
Plus il y a de fils, plus le courant rit
moins il se perd, plus il s’écrit.
L’âme plastique, la gaine d’acier,
s’unissent pour ne pas plier.
Le cuivre tourne autour du cœur,
assurant tension et chaleur.
Même sous le vent, le fil reste rond,
stable, fort, sans déformation.
Et l’électricité, fluide et douce,
circule, fidèle, sans secousse.
Ainsi se dresse la barrière
non de fer, mais de lumière.
Elle sépare et relie tout à la fois :
l’espace du bétail,
le geste de la foi.
Et quand vient la fin de saison,
l’homme détend la ligne,
range ses piquets,
referme le champ.
Le courant s’éteint
mais la mémoire reste :
celle du respect,
de la limite,
et du souffle qui la traverse.
Bonnes impulsions.
RoW 11/25



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