07 novembre 2025

CLOS / TERRE / RoW

 

La Terre et le Fil ,  Cantique de la Clôture Électrique

Le fil parle à la terre,
et la terre répond.
Sans ce dialogue clair,
le courant s’effondre, s’enfuit, s’enraye, s’abandonne.

Le poseur le sait, le berger comprend :
un sol sec trahit, un sol vivant transmet.
La mise à la terre est le cœur battant,
le lien secret entre la bête et le champ.

L’électrificateur pulse,  pulsar des campagnes,
envoie ses électrons sur le fil des montagnes.
L’animal touche, ferme le circuit,
le courant le traverse, le pré avertit.

La clôture vibre, la terre reçoit,
la borne négative, en silence, la voit.
Ainsi s’accomplit, simple et clair,
le voyage du choc — du fil vers la terre.

Mais sans contact, le fil s’endort,
tension haute, courant mort.
Un ampère ou deux par kilomètre, c’est l’ordre ;
au-delà, c’est défaut, c’est herbe, c’est désordre.

Quand la tension baisse, quand le flux s’accroît,
quelque chose touche, ou casse, ou ploie.
Un poteau humide, un isolateur las,
et le courant s’égare, ici ou là.

Chaque matière oppose, chaque métal freine,
chaque sol retient, chaque humidité enseigne.
Le fil doit être pur, brillant, sans rouille,
car la peau du métal seule porte la houle.

L’animal offre peu de résistance,
le sol un peu plus, selon sa substance.
Argile, sable, calcaire ou sel,
décident du chemin du courant éternel.

Si la terre résiste, le choc s’atténue,
le message du fil devient ténu.
Alors on ajoute, humble science,
des piquets de cuivre, de galvanisation.

Trois pour quinze joules, cinq pour vingt-cinq,
sept pour trente-cinq, alignés, sans fainéantise.
Chaque tige deux mètres, plongée dans l’humide,
pour que la force du champ soit rapide.

Loin des canalisations, loin des bâtis,
à dix mètres au moins des conduits enfouis.
Sous un avant-toit, là où l’eau demeure,
plante la tige, au cœur des lueurs.

Relie chaque tige d’un fil sans faille,
fixe, serre, évite la bataille
des métaux contraires, zinc et acier,
qui dans le temps sauraient s’oxyder.

Espace de trois mètres les piquets d’ancrage,
pour que le flux circule, libre et sage.
Le sol humide est un compagnon,
la terre sèche, une désertion.


Quand l’été durcit la plaine,
le poseur verse l’eau, la boue, la peine.
Mélange d’argile et de bentonite,
ou simple litière, humble mais vite.

Ainsi le sol reprend la charge,
le courant repart, sans marge.
Ce n’est pas éternel, mais fidèle un temps,
suffisant pour le bétail et le vent.

Test du lien entre ciel et terre

Coupe le courant, calme la ligne,
pose des piquets, prépare la consigne.
Charge la clôture, vois-la faiblir,
mesure le flux avant de le nourrir.

Allume à nouveau et lis la tension,
500 volts ou moins, voilà le bon ton.
Au-delà, la terre se ferme, résiste,
le flux s’étrangle, l’énergie se brise.

Alors ajoute tige sur tige,
jusqu’à ce que la lecture s’allège et s’aligne.
Quand le sol chante sous le voltmètre,
la clôture vit, l’animal le sait, le maître.

La terre n’est pas simple support,
elle est retour, écho, transport.
Elle ferme le cercle, unit le ciel et le sol,
dans ce fil vibrant, tendu, qui contrôle.

Pour bœuf, pour mouton, pour brebis laineuse,
3 000 volts au moins, ou 8 000 mieux,
la clôture devient frontière heureuse,
le courant chante entre les pierres.

Et l’homme sourit, fier, patient, sincère,
d’avoir uni le fil au mystère,
d’avoir lié la science au vent,
la clôture au battement du champ.


RoW 11/25

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