CHOIX D’UNE CLÔTURE ÉLECTRIQUE
Poème technique en quatre mouvements
I. Mesure du terrain
Protéger, c’est lire la terre,
ses vents, ses bêtes, sa lumière.
Le fil s’élève, le fil descend,
il doit barrer l’élan, le vent.
Assez haut pour freiner le saut,
assez bas pour bloquer le dos,
et l’espace entre deux étincelles
doit rester court, précis, fidèle.
Car sous tension, le fil instruit,
et chaque bête obéit.
Deux mille volts pour le placide,
quatre mille pour le plus intrépide.
Le mouton frôle, le loup recule,
le choc raisonne, la peur s’accule.
II. Équilibre des forces
Tous ne craignent pas l’étincelle :
certains rient de la parcelle.
Sous la laine, sous le poil,
le courant cherche, il tisse, il voile.
Le choc n’est pas une colère,
c’est un langage, une prière :
“Reste là, au bon côté,
le pâturage est délimité.”
Le cuivre parle, l’air répond,
la bête comprend, sans affront.
Un pas, un fil, un souvenir,
le corps apprend à ne plus fuir.
III. Art du montage
Chaque fil a son harmonie,
ses hauteurs, sa mélodie.
Vingt centimètres, puis soixante,
et jusqu’à cent vingt — tension vivante.
Les fils du haut, fils du bas —
toujours chargés, ne faiblissent pas.
Ceux du milieu, parfois à terre,
ferment le cercle, la prière.
Pour l’ours distrait, pour le cheval,
la clôture doit briller, frontale.
Ruban visible, ruban mouvant,
panneau d’alerte, vent battant.
Que la lumière guide les pas,
de l’homme, du bœuf, du renard las.
IV. Comportements, limites et mémoire
Chaque espèce a son orgueil :
le cerf bondit, la chèvre effleure.
Le mouton teste, le jeune ose,
le fil rappelle sans heurt, sans cause.
On monte un rang, on tend le fil,
le geste est sûr, précis, subtil.
Et si l’un brise la confiance,
on l’éloigne, pour la patience.
Le troupeau suit le fil chantant,
l’électricité bat doucement.
Pas de colère, pas de blessure,
juste la loi de la clôture.
RoW 11/25
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