Au départ du programme LIFE en France, la clôture a été évoquée pour la protection des parcs de nuit : légère, coût abordable et surtout en destination d'éleveurs-bergers transhumants connaissant déjà ce type d'équipement : le filet électrique.
Les animaux d'élevage, (ovins et ou caprins) ne nécessitent pas d'apprentissage particulier face à cet équipement.
Dans toute l'Europe, qui est confrontée à la déprédation du loup, de nombreux articles optent pour la promotion de la clôture électrique avec force démonstration de suivi italien, suisse, slovaque, roumain....
Des spécialistes, associations, administrations ou toute profession ou personnes approchent cette problématique et force est de constater que maintes propositions ouvrent la voie à une projection de tout fantasme en matière de loup!
Nombreux voient l'opportunité de la vente et pour les fabricants une reconnaissance de la fiabilité des produits, allant à la promotion d'équipements lourds, très visibles et physiquement apte à contenir les ardeurs de l'animal.
Mon interrogation première intervient alors: sur la base de quelle collaboration naissent ces produits, alors que rarement il est fait appel aux techniciens de la clôture en association avec les spécialistes du loup.
N'oublions pas non plus que la solution ne pourrait pas être seulement technique et qu'il est attendu de proposer parallèlement des évolutions dans la conduite même du troupeau...
AFP 2019 : "Parquer 1.500 brebis, je ne sais pas si vous imaginez. C'est contraire au parcours des bêtes qui ont tendance à pâturer en montant et à dormir sur les hauteurs. Ça voudrait dire les redescendre tous les jours, c'est infernal", s'exclame Jean-Marc Bengoechea, berger transhumant depuis les années 1980. Quant aux parcs, "on a de forts doutes" assure le père qui est également maire de Larrau. "En Ariège, ça ne suffit pas à éviter les attaques d'ours".
Ensuite, notons un regain d'intérêt de recherches sur la technique de protection lors de la conduite en alpage, pour les transhumants alors que les attaques de jour se produisent actuellement sur les sièges de l'exploitation, de plaine, côteaux ou de moyenne montagne...
En m'appuyant sur l'observation des éleveurs, tout porte à croire que la clôture électrifiée est efficace, et que nombre d'utilisateurs y voient un outil simple à poser.
Lorsque je pénètre sur le siège de leurs implantations, je constate que ces clôtures sont sous électrifiées, mal installées ou mal entretenues, certainement mis en cause un défaut de formation ou d'instructions : qui plus est une confusion s'explique entre prix d'achat - qualité de produit - qualité d'installation et si rajoute le facteur temps..
Quelles seraient les raisons du non fonctionnement du matériel : le loup pénètre l'enclos, il saute, il traverse le filet, la panique du troupeau engendre la destruction de l'enclos? quelles sont les mesures relevées et constatées après intrusion, quelle heure, quelle météo, quel matériel, hauteur, longueur, origine, ...densité du troupeau...quelles conditions? et quels sont aussi les autres moyens mis en place afin de contrer une attaque, présence de l'homme, des chiens de protection, d'effarouchements...
Un travail qui actuellement fait défaut!
Souvent, pas toujours, SOUVENT, je vois des installations mal adaptées au terrain, mal maîtrisées par l'utilisateur, peu formé à ces usages. Des troupeaux sont contenus dans les parcs et la mort du bétail est du à l'emprisonnement puis étouffement ou alors le parc est en bordure de précipices et le dérochement est inéluctable.
La résultante de ces constats ont entraîné chez le prédateur un apprentissage au franchissement des enclos...au même titre que le chien divaguant qui franchit les parcs non électrifiés en morte saison mais souvent laissés en place.
Le loup apprend, il observe et traduit, communique, ne le sous estimons pas! trop d'occasions de franchissement, de pénétration lui sont donnés.
Le choix des couchades est une chose, la possibilité de mouvement des troupeaux une autre, la fuite du bétail en dernière option... 2002 Mercantour, 400 brebis mortes au bond d'un ravin sur le millier que compte le troupeau, grillage et piquets fer béton de 20 au sol... Le plus gros dérochement connu... "Les loups sont responsables du carnage, leur irruption ayant affolé les moutons. "
1994, 1996 , nous avons installé les premiers parcs de protection en estives dans la zone fréquentée par l'ours. En 2000, nous étions sur le massif de Belledonne, visé par le loup... les premiers parcs marquent l'enthousiasme, puis vient l'hiver, les dégradations, constats et adaptations: on évoque les grands parcs, les plus petits , les double enceintes, les constructions en dur. Il parait improbable de concevoir des parcs fixes utiles 3 mois de l'année et subissant 9 mois d'intempéries, de dégradations et ou de destructions volontaires ou accidentelles.
- Contenir le bétail me disent certains empêchent le mouvement et donc limite les attaques...
- Les chiens de protection doivent pouvoir circuler dans le parc et sans provoquer la peur du troupeau.
- Les suivis Suisses proposent 3 m² par brebis.
- Des Fédérations d'Alpage proposent des filets de contention opaques.
- D'autres utilisent des filets brise vents.
Chaque exploitation est unique et demande un système de clôture sur mesure. Consacrer du temps à la réflexion et à la planification du système de pâturage facilitera grandement la mise en place de la clôture adéquate dès le départ.
Construire un parc, ou des parcs : C’est restructurer un territoire, en changer ses usages. Pour qu’il puisse remplir au mieux ses fonctions de contention et/ou de protection, il est nécessaire d'évaluer les conséquences sur la circulation des autres usagers et de la faune sauvage. Il faut donc, au préalable, définir de manière précise les objectifs du parc, la circulation du cheptel entre les parcs, le schéma électrique...
L’installation d’un parc clôturé pour la contention et ou la protection des animaux constitue, de ce fait, une opération d’aménagement de l’espace qui doit concilier trois objectifs : économique, environnemental et social.
