20 mars 2023

VIVRE avec les LOUPS !

 ÊTRE en paix   FAIRE la paix 

Retrouvez cet article dans le numéro 28 d’Usbek & Rica, paru à l’automne 2019

Illustrations et photos Robert Wojciechowski

Revenu en France il y a +-vingt-cinq ans, le loup gris met toujours autant en ébullition éleveurs comme protecteurs de la nature. Alors que la population est vulnérable, l’État offre davantage de marge de manœuvre à sa destruction, sans que cela ne semble pour autant faire baisser la tension. De l’Idaho à l’Italie en passant par les Alpes du Sud, chercheurs et explorateurs de terrain tentent pourtant de démêler les nœuds d’un conflit millénaire. 

Usbek & Rica passe en revue les raisons de croire que l’homme pourra un jour vivre en paix avec le loup – à défaut de danser avec lui comme Kevin Costner.

Dans Zootopie (2016), le film d’animation de Disney, le renard Nick Wilde enquête main dans la main avec la lapine Judy Hopps, dans un monde où prédateurs et proies respectent un pacte de non-agression. Jusqu’au jour où une brebis frustrée perturbe volontairement cette belle harmonie… 

La première partie de ce scénario de fiction est-elle transposable dans la réalité ? Peut-on sérieusement envisager, à terme, une « zootopie » entre loups et brebis et, plus largement, une coexistence harmonieuse entre loups et êtres humains ? 

     Retour vers le sauvage :  « Spanish Harlem », de Matthew Grabelsky, huile sur toile, 2018. 

« Si la relation devient harmonieuse, on ne parle pas de coexistence, coupe Guillaume Chapron, professeur d’écologie à l’université suédoise des sciences agricoles. La coexistence a lieu entre des puissances hostiles. En couple, vous ne dites pas que vous coexistez ! » 

On pourrait rêver d’une relation plus apaisée, relevant moins du conflit théâtralisé tel qu’on peut l’observer aujourd’hui.

 Dernier exemple en date : fin août 2019, des éleveurs encagoulés et armés se filment près du panneau du parc national des Écrins (Hautes-Alpes), menaçant de « passer à l’action  » et réclamant l’abattage de loups en cœur de parc, soutenus par le syndicat agricole majoritaire.

À la même période, dans l’Eure-et-Loir cette fois : un automobiliste photographie un grand canidé trottant dans un champ de céréales. « Très probablement un loup  »commente l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS) sur son site web. Deux jours plus tard, la fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles demande à ce qu’il soit liquidé.

Zootopie (2016)

Tirs létaux contre-productifs !!!

L’animal se trouvait à 60 km de Rambouillet, aux portes de la capitale. Faut-il en conclure qu’on verra bientôt des loups place de la Concorde ? Non. Mais dans les forêts franciliennes, possible. « Tant qu’il y a des chevreuils, cerfs et autres proies, il n’y a aucune raison qu’il n’y ait pas de loups, glisse Christophe Duchamp, de l’ONCFS, de la même manière qu’il y a des renards.  » 

Depuis son retour naturel d’Italie en 1992, Canis lupus grappille, miette après miette, cet Hexagone d’où il a été exterminé dans les années 1930. 

  photo Tambako le Jaguar

Aujourd’hui protégé par des traités internationaux ratifiés par la France, il voit sa population croître depuis vingt-cinq ans. Avec 530 individus recensés au printemps 2019, le canidé semble avoir toute latitude pour récupérer, à terme, sa place : celle d’une espèce commune. Il faudrait 2 500 à 5 000 adultes pour que la population soit viable génétiquement, d’après l’expertise scientifique publiée en 2017 par le Muséum national d’histoire naturelle et l’ONCFS. Or les autorités ralentissent cette progression, jouant sur les dérogations à la stricte protection. Dernier exemple en date, l’arrêté ministériel du 26 juillet dernier pour faciliter les tirs, notamment dans les communes où se concentrent les attaques sur les troupeaux, et dans des zones du front de colonisation du carnivore – là où il ne tardera pas à se montrer. Ce texte relève aussi le quota annuel (de 10 à 19 % de la population) permettant l’abattage de 90 à 100 loups en 2019, louveteaux compris.

Photo de Philippe Montes (Unsplash)

On ignore aujourd’hui si tuer le loup sert ou non les brebis. « Aucune étude scientifique rigoureuse ne montre que les tirs font diminuer les dommages », indique Guillaume Chapron. Le professeur d’écologie a réalisé deux méta-analyses sur l’efficacité des interventions (létales ou non) prônées par les autorités de différents pays. Résultat : on ne sait pas grand-chose sur ce qui fonctionne ou pas. 

    E.Clos Navarre Espagne

En revanche, on sait que les tirs létaux peuvent être contre-productifs : le loup étant un animal hautement social, la mort d’un des parents peut désagréger les liens entre les autres membres de la meute, les poussant à se séparer et à partir en quête d’autres territoires, où ils seront susceptibles d’attaquer de nouveaux troupeaux. Sans compter que l’élimination de loups dans une zone donnée ouvre la voie à d’autres éliminations.

Photo FERUS

Pour le spécialiste italien Luigi Boitani, « l’élimination létale peut être utile dans certains contextes locaux très particuliers, mais elle ne résoudra pas la problématique de la coexistence »

Huit mille ans de chamailleries!

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Anticiper l’arrivée du loup pour ne plus le « subir » est l’objet du réseau lancé début 2019 dans le Limousin par Nicolas Thierry, vice-président EELV à l’environnement et la biodiversité de la région Nouvelle-Aquitaine. En mobilisant des acteurs du territoire (éleveurs, chasseurs, protecteurs de la nature, scientifiques), l’élu veut documenter la présence du loup dans la région, identifier les élevages exposés, afin d’activer le plus tôt possible les aides à la protection prévues dans le « plan loup ». Avec, en ligne de mire, l’objectif d’éviter des abattages. « On ne peut pas imaginer des campagnes d’éradication. La biodiversité s’effondre, le loup est revenu naturellement et il est protégé. Les éleveurs doivent l’accepter », explique-t-il, insistant néanmoins sur l’importance de soutenir l’élevage de plein air pour résister au « concentrationnaire »
    Journal International

Soixante ans d’absence ont fait oublier ce que signifiait le fait de vivre avec le loup, animal « pas très convivial »

Il demandera à l’État, dans un second temps, l’autorisation de capturer des loups, sous l’égide de l’écologue Antoine Nochy. Ce dernier, qui a travaillé aux États-Unis, assure que le piégeage permettra d’« interagir négativement avec l’animal qui attaque ». En gros, il lui laisserait un souvenir si mauvais d’Homo sapiens que toute envie de se frotter à ses ovins s’éteindrait illico. « Un palliatif intermédiaire, estime Christophe Duchamp. En le tapant sur les fesses ou avec un tir non létal, ça pourrait aussi bien fonctionner, et seulement un temps. »

La France n’est pas au niveau des standards scientifiques sur le dossier loup, R. Wojciechowski

Depuis huit mille ans qu’il élève des moutons, l’humain se chamaille avec le loup. Il le connaît si bien qu’il l’a « retourné », il y a vingt à quarante mille ans, en un fidèle compagnon à la plasticité vertigineuse. Le triptyque chiens / parc de nuit / berger a d’ailleurs fait ses preuves, « à utiliser en proportion du nombre de moutons », appuie François Moutou, vétérinaire épidémiologiste ayant longtemps travaillé à l’Agence nationale de sécurité sanitaire. Les syndicats d’éleveurs jurent que ces outils, financés à hauteur de 80 % par les aides publiques – 21 millions d’euros en 2018 –, ne fonctionnent pas.

    USDA

Sinon, comment expliquer l’indemnisation de 12 500 ovins pour un montant de 3 millions d’euros, un des records européens proportionnellement au nombre de loups présents sur le territoire ? « La plupart des troupeaux dans les Alpes du Sud [là où s’opère l’essentiel de la prédation, ndlr] sont gardés en effet, confirme Jean-Marc Landry, fondateur de l’Institut pour la promotion et la recherche sur les animaux de protection (Ipra), mais ils sont souvent confrontés au loup toute l’année, et certains ne sont pas forcément bien protégés. Parfois à cause d’un milieu très difficile, parfois parce que certains éleveurs ne jouent pas le jeu »

  Le Monde.fr

François Moutou abonde : « Un chien pour 3 000 brebis, des grillages percés, ça ne peut pas marcher. Ni une personne qui vient voir le troupeau tous les deux jours ! » 

adt.educagri.fr

Pour Luigi Boitani, il faudrait déjà commencer par analyser ce qui se fait sur le terrain. « La France dépense énormément d’argent pour aider les éleveurs, mais je n’ai jamais vu un seul rapport sérieux sur la façon dont ces outils sont réellement mis en œuvre. »

En Australie existe des propriétés « predator-friendly » où cohabitent bétail et faune sauvage, dont les dingos (Illustration par Jackson Joyce)
   E. Breteau 2018

Il faut dire que soixante ans d’absence ont fait oublier ce que signifiait le fait de vivre avec le loup, animal « pas très convivial », selon l’expression de Raphaël Larrère. L’ingénieur agronome, aujourd’hui retraité, a présidé durant dix ans le conseil scientifique du parc national du Mercantour (Alpes-Maritimes). « Avant le loup, l’estive était un moment de repos. Peut-être pas de petites vacances, car il faut s’occuper des bêtes, mais un moment de calme, de paix, de tranquillité. Maintenant, il faut être tout le temps sur ses gardes. Je comprends que les bergers ne le supportent pas : le loup leur pourrit vraiment la vie. De là à dire qu’il fait disparaître le pastoralisme… En vingt-cinq ans, aucune unité pastorale n’a disparu du cœur du parc. » Reste qu’une fois le chat revenu, difficile pour les souris de continuer à danser.

Le loup, cet aléa naturel

Comment réapprendre à vivre avec un animal dont on s’est crus débarrassés pendant la majeure partie du XXe siècle ? L’éthologie nous invite à ouvrir mirettes et oreilles. À apprendre à connaître l’animal en se méfiant de nos projections. Jean-Marc Landry se met « dans la tête du loup » depuis plus de vingt ans. Avec d’autres scientifiques, cet éthologue propose aux éleveurs des diagnostics de vulnérabilité grâce à des caméras thermiques permettant l’observation nocturne des comportements lupins, canins et ovins. Il a aussi mis en place un système d’alerte en ligne, ProxyLoup, que les éleveurs utilisent pour renseigner la présence d’un prédateur, opérationnel depuis peu dans les Vosges. 

Pour cet explorateur « diplomate », dixit le philosophe Baptiste Morizot, qui a longuement exploré le sujet dans son ouvrage Les Diplomates. Cohabiter avec les loups sur une autre carte du vivant (Wildproject, 2016), le prédateur devrait être considéré comme un aléa naturel, à accepter au même titre qu’une avalanche, un incendie ou un orage. 

        Baudoin de Menten

Ce qui l’intéresse, c’est la science des interactions entre loup et système agropastoral, que la recherche institutionnelle semble bouder. Pourtant, ses 40 000 heures d’observation donnent à voir Canis lupus, et par là même le fait de l’occire, sous un jour différent. « La plupart des loups attaquant les troupeaux sont seuls », note Jean-Marc Landry. Par ailleurs, un loup près des moutons n’est pas forcément une menace directe : « Il peut être en mode repos et s’endormir à côté, ou en déplacement, et ignorer les brebis. » Chaque loup a aussi sa personnalité. Certains peuvent se spécialiser sur les troupeaux, quand la majorité préfère les ongulés sauvages (cerfs, chevreuils, sangliers, chamois, etc.). Certains sautent par-dessus les clôtures, d’autres choisissent de se glisser dessous. « On a déjà vu un loup attaquer, un deuxième s’asseoir à ses côtés, et le troisième s’enfuir comme s’il avait peur. On avait envie de lui dire, hé gars, pourquoi tu t’en vas ? » 

Les vidéos font aussi ressortir l’importance des chiens de garde. Car pour parler loup, qui est mieux placé qu’un autre loup ? « Le chien, c’est la base, témoigne Gérard Millischer, qui a pisté le loup durant cinq hivers au retour de celui-ci dans les Alpes-Maritimes. Ils sont comme frères et peuvent aussi bien se battre que faire copain-copain. 

   La dépêche.fr

Un jour, on a filmé des loups qui tournaient autour d’une chienne de protection en chaleur : ce soir-là, personne n’était intéressé par le mouton… » Si elles prêtent à sourire, ces observations permettent de porter sur le loup un regard plus sensible, moins manichéen. Et en creux, d’ajuster au cas par cas les éléments du « dialogue », c’est-à-dire la protection du troupeau. 

La Namibie éduque, elle, les éleveurs de bétail à préserver le guépard (Illustration de Jackson Joyce pour Usbek & Rica)

Barrière olfactive

Pour parler loup, Dave Ausband, de l’université du Montana, joue la carte odorante. Dans une étude de 2013, il décrit la barrière olfactive de 65 km qu’il a étendue en 2010 et 2011 dans l’Idaho, sur plusieurs zones fréquentées par trois meutes. Une barrière conçue à partir d’un subtil mélange d’urine et d’excréments de loups provenant d’autres États américains. La biofence séduit : on l’imagine parfaitement fonctionner chez nos amis canins, dont l’odorat ultra performant détecte la cocaïne et même le cancer. Sauf qu’ici, la came est une longue insulte en forme de fumet, une version organique de la clôture barbelée surmontée de bouts de verre pilé, un « casse-toi » invisible faisant l’effet d’une bombe lupine. Résultat : durant l’année de sa mise en place, elle n’a pas été franchie. Elle le sera l’année suivante, dégageant néanmoins de nouveaux horizons de recherche.

    WEB

Promouvoir une technique plutôt qu’une autre dans le cadre des politiques publiques doit s’appuyer sur des études rigoureuses fondées sur les preuves, rappelle Guillaume Chapron : « Feriez-vous confiance à un médicament dont l’efficacité n’a pas été validée en double aveugle et par des analyses statistiques publiées dans une publication à comité de lecture ? » En attendant des méta-analyses concluantes, peut-être faut-il accepter de jongler avec l’existant, tout en sachant que ce qui fonctionne un jour ne fonctionnera peut-être pas toujours.

    FERUS

Si l’Italie prohibe l’abattage de loups, le braconnage y sévit toujours – tuant 15 à 20 % de la population chaque année.

Suzanne Stone, de l’ONG américaine Defenders of Wildlife, gère depuis 2007 le Wood River Wolf Project, programme d’aide à la protection non létale des troupeaux. Au pays de John Dunbar, alias « Danse avec les loups », souple lieutenant nordiste incarné au cinéma par Kevin Costner dans le film du même nom (1990), qui met en scène son amitié avec les Sioux et le canidé Chaussettes, les loups sont aujourd’hui communément descendus, parfois par meutes entières (à quelques exceptions près, comme dans l’Oregon). Dans une zone de l’Idaho, Suzanne Stone a négocié l’interdiction de cet abattage. Elle a envoyé des techniciens expérimentés et rémunérés auprès de quatre éleveurs et plus de 20 000 brebis. Jouant entre dispositifs lumineux (« foxlights »), sirènes, diffusion de hurlements de cow-boys, fladry (corde d’où pendent des bandes colorées), retrait des carcasses et surveillance des loups via des colliers GPS, ces aides de terrain ont porté leurs fruits : il y a eu dans cette zone 3,5 fois moins de moutons tués entre 2007 et 2014, et « moins de 50 pertes en douze ans ». 

Fromages au goût sauvage 

Au-delà des aides techniques et financières, l’État ne pourra pas faire l’économie de l’humain. C’est ce que tente d’accomplir Francesca Marucco en Italie, où vivent 2 000 loups, avec la marque Terre di Lupi (« Pays des loups »), qui valorise depuis 2013 des fromages produits dans les provinces de Cuneo et Trento. Ce projet pilote, porté dans le cadre du programme européen Life WolfAlps, doit prendre de l’ampleur en 2019, mobilisant d’autres éleveurs, en plus des six pionniers ayant travaillé à « exprimer, via ce label, la fierté de créer des produits de qualité, dans des conditions rendues difficiles par la présence d’un prédateur »

  Daniela Marfisa

Des fromages au goût sauvage qui, espère Francesca Marucco, pourront jouer le rôle de lubrifiant socio-économique favorisant la tolérance pastorale dans le Piémont. Car si l’Italie prohibe l’abattage de loups, le braconnage y sévit toujours – tuant 15 à 20 % de la population chaque année.

À l’instar d’un secret bien gardé, le loup fascine autant qu’il effraie. Le regarder en face dans toute sa complexité aidera sans doute à trouver les solutions pour cohabiter, tel un abcès crevé qu’on laisse sécher. Depuis 2013, le biologiste espagnol Javier Talegón propose chaque année à 500 personnes des sorties sur le terrain, conférences, animations sur le loup et visites de fermes traditionnelles via son entreprise Llobu, dans la province de Zamora. 

     Llobu

Si le tourisme, version écolo comprise, est à prendre avec des pincettes pour éviter le dérapage vers un safari consumériste à la Jurassic World, il pourrait, à petite échelle, rafraîchir certaines zones sinistrées. « En 2012, on a estimé que les personnes intéressées par le loup (au-delà de Llobu) généraient 450 000 euros chaque année. Certains hôtels étaient occupés à 90 % par des passionnés ! rapporte Javier Talegón.

    JOAQUIM ELCACHO

La chasse au loup dans la Sierra de la Culebra rapportait 40 000 euros avant son interdiction, soit moins que la clientèle de Llobu, qui peut rapporter plus de 60 000 euros par an. » Pensons notamment aux Pyrénées, où la menace climatique est susceptible de faire fondre la neige et donc la pratique des sports de glisse d’ici quelques décennies, comme le laissait entendre un rapport AcclimaTerra publié en 2018.

 

En Inde, on déplace les léopards, causes de blessures chez les humains. Un mauvais calcul : les attaques se multiplient, le félin se sentant étranger et donc agressé. (Illustration par Jackson Joyce pour Usbek & Rica)

Pas envie de jouer

« Il est facile de militer pour les abeilles, qui nous sont utiles. La vraie question est : veut-on laisser une place à des êtres bousculants comme le loup ? » interroge Nicolas Thierry. Peut-être nous faut-il aussi questionner ce sur quoi le loup a un effet loupe : nos modes de consommation d’une part, la situation du « pastoralisme ovin viande », comme on dit dans le jargon, d’autre part. 

     nrpyrenees

Secteur subventionné à 70 % par les aides publiques, celui-ci pâtit en effet de prix tirés vers le bas par la concurrence internationale et, d’après les chiffres 2018 de l’Institut de l’élevage, d’une consommation qui ne cesse de chuter, tournée pour plus de la moitié vers la viande d’Angleterre, d’Irlande, de Nouvelle-Zélande ou d’Espagne. 

« La coexistence se passe dans les têtes », martèle Guillaume Chapron. Le professeur d’écologie cite une étude suédoise selon laquelle le chien ne serait ni plus ni moins qu’un loup qui a eu envie de jouer avec les humains. Le loup serait-il alors celui qui n’a pas voulu jouer ? Nous agacerait-il depuis huit mille ans rien que pour cela ? Si on regarde la biomasse représentée par les mammifères sur la planète, l’humain et ses animaux domestiques en constituent 96 %. Les 4 % restants sont les mammifères sauvages, pandas, dauphins et loups compris. Parions qu’un jour l’humain comprendra que ceux-là n’ont pas forcément envie de lui rapporter la balle.

Retrouvez cet article dans le numéro 28 d’Usbek & Rica, paru à l’automne 2019


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