Poseur de Clôture
Chant des Fils et des Mains
Il trace la ligne,
entre vent et racine,
pose un fil, tend un rêve,
le monde se dresse et s’élève.
De bois, de fer, de fil tendu,
il sépare sans rompre la vue,
protège les bêtes, garde les terres,
et fait du champ un univers.
Poseur, bâtisseur de frontière,
artisan d’ombre et de lumière,
ses gestes scellent le paysage,
chaque nœud devient un passage.
Chaque enclos, il apprend,
le métier, le fil, le vent.
Cours, terrains, savoirs mêlés,
Association des clôtures, développées
Quatre blocs de deux jours,
et le fil prend son tour,
on y apprend à voir, à tendre,
à réparer, à comprendre.
Identifier l’outil, le marteau, la tarière,
réparer la latte, redresser la pierre.
Tendre le fil, ajuster la tension,
chaque geste porte une leçon.
Clôture électrique, clôture boisée,
le métier ne s’improvise jamais.
Il faut sentir la résistance du métal,
écouter le sol, humble et vital.
Remplacer un poteau brisé,
joindre deux fils, les tresser.
Installer la porte, l’angle, la base,
préparer le sol, tracer la phrase.
Un fil se tend, une frontière naît,
non pour exclure, mais pour protéger.
Le troupeau s’y fie, la forêt respire,
le vent chante entre les fils de l’empire.
Les yeux lisent la ligne, la main parle,
chaque poteau devient signal.
Le fil chante dans la tension,
la clôture devient partition.
Et quand l’orage tonne ou gronde,
le poseur connaît le monde :
il lit les nœuds, mesure l’espace,
répare, redresse, remplace.
Il sait l’art des fils croisés,
les diagonales, les bouts noués,
les isolateurs, la mise à terre,
le flux, la charge, la lumière.
Connaître le fil, c’est connaître le vent,
sentir la force, lire le champ.
Chaque clôture est un serment,
un dessin sur le sol vivant.
Et dans la plaine où tout s’étire,
le poseur devient un sire :
entre ciel et bétail,
il écrit la paix sur le travail.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire